Lorsque l’Université a fermé ses campus et annulé tous les cours en personne, le Pôle bien-être étudiant a été confronté à un défi logistique de taille : fournir un soutien complet à des milliers d’étudiants et d’étudiantes à domicile.
« Nous voulions nous assurer que la transition se fasse le plus harmonieusement que possible sur le plan de l’accès, parce que nous étions conscients que notre clientèle étudiante était en difficulté et que notre communauté dans son ensemble traversait une crise », souligne la directrice du Pôle bien-être étudiant, Vera Romano, B.A. 1996, M. Éd. 2000, Ph. D. 2007.
Le Pôle est un guichet unique pour la santé mentale et physique, lequel a été créé en partie grâce à un investissement important de la Fondation Rossy. Quelques mois seulement après son lancement officiel en novembre 2019, le Pôle a dû se tourner rapidement vers la prestation de services exclusivement virtuels.
Heureusement, son équipe était prête. Au cours de l’année précédant le lancement, des membres du personnel avaient élaboré des stratégies pour faire face aux changements associés à la mise en œuvre du nouveau Pôle et à son approche distincte à l’égard de la santé de la clientèle étudiante. « Comme nous étions déjà en train de procéder à un grand nombre de changements, nous avions la capacité de réagir de manière souple et intentionnelle », explique Mme Romano.
Grâce à cette « capacité de changement », le Pôle a aussi bénéficié de plusieurs semaines de planification en cas de pandémie. « Nous avons participé dès le début aux mesures de préparation de l’Université, dès janvier, révèle Mme Romano. Cette réflexion et cette planification en amont nous ont permis d’agir rapidement. »
Une semaine après la décision du gouvernement du Québec de fermer les établissements d’enseignement, le Pôle était prêt à lancer des services en ligne.
Trouver des moments zen sur Facebook Live
L’un des programmes mis sur pied dès la première semaine est « Zen in 10 ». Diffusées sur la page Facebook des Services aux étudiants de McGill, ces séances de pleine conscience et de relaxation de 10 minutes sont animées par des conseillers et conseillères en bien-être du Pôle.
Constituant les satellites du Pôle, les conseillers et conseillères en bien-être sont des personnes cliniques formées pour travailler auprès des principales clientèles de McGill. Bon nombre sont basées dans des facultés tandis que d’autres sont responsables de groupes distincts, comme des étudiants étrangers.
Sur Facebook Live, les conseillers et conseillères en bien-être dirigent à tour de rôle une activité de leur choix — souvent un exercice de respiration ou une visualisation guidée — et partagent leurs approches uniques pour préserver une bonne santé mentale malgré la crise.
« Chaque semaine, j’opte pour un conseil que je souhaite donner », explique Samara Yesovitch, M. Sc. 2018, la conseillère en bien-être de la Faculté de gestion Desautels. « Il peut s’agir d’étirements, d’encouragements visant à susciter la sensibilité des gens dans leurs interactions sociales, de l’importance de faire preuve de compassion avec eux-mêmes ou encore de reconnaître leurs forces. »
Les vidéos connaissent un succès remarquable et ont été visionnées plus de 10 000 fois jusqu’à présent. En plus de fournir un répit quotidien au stress de la pandémie, les séances « Zen in 10 » permettent aux étudiantes et étudiants d’apprendre à connaître leurs conseillers et conseillères en bien-être et de maintenir un sentiment d’appartenance à la communauté à distance.
« Cela faisait appel à l’éducatrice en moi et à mon désir de me mettre en avant et de tisser des liens avec notre clientèle étudiante », mentionne Mme Yesovitch, qui est manifestement à l’aise devant la caméra et n’a pas hésité à partager des histoires personnelles devant public.
« En tant que clinicienne, il est très rare de parler de soi dans le cadre d’une séance avec une autre personne. Mais lorsque l’on fait des vidéos, on veut vraiment tisser des liens avec les gens et on veut qu’ils nous fassent confiance, alors on se dévoile un peu », explique-t-elle.
Mme Yesovitch, dont le poste est financé par les donateurs de McGill, Gisèle et Neil Murdoch, B. Com. 1981, a été la première à animer une séance « Zen in 10 » en mars. En avril et au début de mai, elle a animé d’autres séances sur Facebook Live pour les étudiantes et étudiants de la Faculté Desautels tous les vendredis. Ces séances ont provoqué une avalanche de demandes de consultations individuelles, alors Mme Yesovitch a prévu se concentrer sur cet aspect de son rôle au cours de l’été.
Renforcer la résilience virtuellement
Le Pôle a lancé une série complète de programmes en ligne, y compris un groupe de soutien émotionnel lié à la COVID-19, un atelier sur la gestion du stress en période d’incertitude et une autre initiative Facebook Live appelée « Art Hive », laquelle propose des idées de bricolage pour les familles.
« C’est formidable de voir tous ces projets en ligne que nous voulions essayer, mais que nous n’avions pas encore eu le temps de faire. Je pense que beaucoup d’entre nous ont saisi l’occasion d’essayer de nouvelles façons de se rapprocher des étudiants et des étudiantes. Et les retombées sont vraiment merveilleuses », soulève Dana Carsley, B. Éd. 2012, M. Éd. 2015, Ph. D. 2019, qui s’est récemment jointe à l’équipe du Pôle en tant que spécialiste de l’amélioration du bien-être.
Conformément au mandat du Pôle, qui est de créer un « campus résilient », les ateliers virtuels et les activités de groupe adoptent une approche préventive de la santé mentale.
« L’une des choses qu’il est important de reconnaître, c’est que la résilience est quelque chose que l’on peut bâtir », explique Mme Carsley, spécialisée dans les programmes axés sur la résilience. « Je l’aborde comme un programme de conditionnement physique. Nous avons des muscles, mais nous devons travailler pour les renforcer. »
« Quand vous êtes en crise, vous ne vous contentez pas de dire “D’accord, je vais prendre 20 minutes pour faire de la pleine conscience”. Si vous ne l’avez jamais fait auparavant, ce sera très difficile. Il s’agit d’acquérir des compétences au fil du temps et de renforcer ce “muscle” afin d’être mieux préparé à gérer des situations difficiles. »
Plus de deux mois après le confinement, l’équipe du Pôle évalue l’efficacité de ses offres et ajoute de nouveaux programmes à la liste. Elle a récemment lancé une séance hebdomadaire d’exercice physique et un atelier de gestion du stress axé sur la pleine conscience.
Mme Carsley recommande aux étudiants et étudiantes d’essayer les différentes stratégies et activités de bien-être pour trouver celles qui leur conviennent. « Parce qu’il n’y a pas de solution unique », dit-elle.
S’adapter au counseling à distance
Les services de première ligne, comme le counseling individuel et les séances de psychiatrie, ont également été transférés en ligne. Pour garantir la confidentialité de leurs rencontres avec les étudiants et étudiants, le personnel professionnel du Pôle utilise des plateformes spécialisées et sécurisées pour les thérapies virtuelles.
« Nous devions nous assurer de le faire non seulement rapidement, mais correctement. Et nous nous réjouissons d’avoir pu faire les deux », dit Mme Romano, en soulignant que la protection de la vie privée était l’un des principaux objectifs de la transition.
Pour Mme Yesovitch, l’adoption du counseling à distance a été plus facile que prévu. « Pendant longtemps, j’ai été très réticente à l’idée d’offrir ce type de rencontre, parce qu’il est tellement important d’être dans la pièce. Mais je me suis rendu compte que c’est possible. C’est quelque chose que je peux faire. »
La conseillère en bien-être de la Faculté Desautels dit que la pandémie n’a pas beaucoup changé ses séances avec les étudiantes et étudiants. « Ce que les gens ont tendance à oublier, c’est que nous sommes toujours nous-mêmes. Nous avons cette nouvelle couche de préoccupation et d’émerveillement, mais tout ce qui nous faisait souffrir auparavant nous fait toujours souffrir. »
Elle pense que la clientèle étudiante de McGill, qui est régulièrement confrontée à l’incertitude du passage à l’âge adulte et à des choix de carrière difficiles, est peut-être bien placée pour faire face au chaos de la pandémie de COVID-19.
« Je pense qu’il est important de ne pas nous sous-estimer et de croire que nous pouvons nous en sortir, affirme Mme Yesovitch. Nous avons la preuve vivante que nous avons surmonté d’autres épreuves dans le passé, et nous pouvons donc en faire autant. »
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