Réflexions d’un pionnier de l’architecture moderne

L’histoire de l’art enseignée par un membre du Groupe des Sept. L’Architecture moderne présentée par un ancien assistant de Le Corbusier. Des cours donnés par des professeurs responsables de la conception aussi des édifices les plus marquants de Montréal. Ainsi a été la vie extraordinaire de Louis Lapierre à ce qui est présentement l’École d’architecture Peter Guo-hua Fu de l’Université McGill.

« À titre d’étudiant, j’ai été témoin de moments historiques », souligne Louis Lapierre, B. Arch. 1952. « J’ai connu de grands penseurs qui m’ont confié la manière d’être créatif et original sur toute une vie. Il s’agit de leçons présentes à mon esprit, encore aujourd’hui ».

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, Louis Lapierre est admis à l’École d’architecture en 1947. L’Université McGill a été l’initiatrice de la 1^re École d’architecture moderne du Canada, dont le cursus s’est inspiré des principes du Bauhaus, contrairement à celui des beaux-arts.

Les professeurs de Lapierre sont entre autres le peintre Arthur Lismer, cofondateur du Groupe des Sept et Hazen Sise, qui avait travaillé avec Le Corbusier. La plupart des professeurs étaient à la tête d’une firme d’architecture privée : Hazen Sise fut cofondateur d’Arcop, une agence canadienne réputée, dont les fondateurs étaient diplômés ou membres du corps professoral de l’École d’architecture de McGill. Parmi les projets qu’ils ont réalisés à Montréal, mentionnons la Place Ville-Marie, le pavillon du lac aux castors et la Place Bonaventure.

Deux ans après avoir obtenu son diplôme, Louis Lapierre fonde son agence d’architecture. Au fil des ans, il réalise au-delà de 40 projets, dont des écoles, des centres sportifs, des sièges sociaux et des édifices universitaires qui jalonnent le paysage canadien. Son œuvre se distingue par l’intégration de l’art à l’architecture, en conformité avec les principes du mouvement Bauhaus. « Les artistes faisaient partie du processus de création, dont je fus le précurseur ».

Louis Lapierre considère la Première église évangélique arménienne, connue originalement sous le nom d’Église Saint-Gaëtan, comme son œuvre la plus sophistiquée. Sa forme audacieuse et unique est l’une des plus en phase avec son époque. En raison de sa valeur exceptionnelle, l’église est classée édifice historique et patrimonial par le Conseil du patrimoine religieux du Québec. L’Église Saint-Gaëtan figure dans l’ouvrage intitulé L’Architecture de Montréal, publié par l’Ordre des architectes du Québec, à l’occasion du 100^e anniversaire de l’organisme. Elle a également fait partie d’expositions du Musée de la Civilisation, du Musée de Québec, du Musée d’art contemporain de Montréal et de la Bibliothèque Redpath de l’Université McGill.

Désormais âgé de 97 ans, Louis Lapierre demeure animé d’une insatiable quête de savoir.

En 2018, il a réalisé la monographie de ses œuvres dans l’ouvrage intitulé L’Architecture dans une vie. En 2019, il a lui-même créé son site Web. Il se rend régulièrement à la Bibliothèque d’architecture et d’art Blackader-Lauterman de l’Université McGill. Selon lui, « La richesse exceptionnelle de cette collection a toujours su répondre aux demandes les plus inusitées ». C’est d’ailleurs cette collection qui l’a inspiré à faire un legs testamentaire à la Bibliothèque, qui assurera l’essor des ouvrages et préservera le patrimoine de la première génération (1945-1961) des architectes de la modernité de McGill, dont Louis Lapierre fait partie.

« Je me considère privilégié d’avoir fait mes études à McGill au moment historique du début de la nouvelle École d’architecture moderne », nous confie-t-il. « Cette expérience m’a ouvert de nouveaux horizons, dont je profite encore aujourd’hui, en 2021 ».

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