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Collaboration avec les communautés nordiques sur les changements climatiques

Forte de plus de 25 ans d’expérience dans le Nord canadien, Brenda Parlee a été nommée titulaire de la Chaire Bieler sur le développement durable et les changements climatiques dans le Nord à l’Université McGill.

Un groupe de femmes réunies près d’un plan d’eau

La professeure Brenda Parlee, titulaire de la Chaire Bieler sur le développement durable et les changements climatiques dans le Nord à l’Université McGill, et l’équipe Ărramăt près de Łutsël K'é, dans les Territoires du Nord-Ouest

Originaire d’une petite ville du nord de l’Ontario, Brenda Parlee a très tôt pris conscience du fossé qui sépare ceux qui tirent profit de l’exploitation des ressources naturelles et ceux qui doivent en assumer les coûts environnementaux. Ce constat l’a poussée à explorer de nouvelles approches en matière de gérance environnementale.

La nouvelle titulaire de la Chaire Bieler, professeure à l’École de l’environnement Bieler et au Département des sciences des ressources naturelles, aborde des questions difficiles sur les changements climatiques et le développement à grande échelle, et leurs conséquences sur les écosystèmes fragiles du Nord, ainsi que sur la santé et le bien-être des communautés. Elle s’appuie sur des relations de longue date dans ses efforts visant à renforcer le leadership et la jeunesse autochtones.

« En constatant le développement à grande échelle et les effets des changements climatiques au fil du temps, je me suis mise à réfléchir aux interconnexions entre les personnes et leur environnement, et à de nouvelles façons d’envisager le territoire, notre rôle et nos responsabilités en matière de gérance environnementale », a expliqué la professeure, qui travaille à l’Université McGill depuis janvier 2025.

L’Université McGill est préoccupée par des questions similaires. La recherche en développement durable est l’une de ses priorités, c’est pourquoi elle a créé la nouvelle chaire grâce à un don philanthropique de Marc (Dip. Agr.1958, B.A. 1964) et Marie (B. Sc. Agr. 1980) Bieler, diplômés de l’Université, donateurs de longue date et fervents défenseurs de la durabilité environnementale.

Un trait d’union entre science et connaissances autochtones

Brenda Parlee souligne qu’il est important d’épauler les populations du Nord afin qu’elles participent à la recherche et transmettent leurs propres connaissances sur leur expérience. Elle explique que cette approche de la recherche qui tient compte du lieu est fondamentale pour le rôle qu’elle exerce à l’Université et essentielle à la compréhension des communautés et de leur environnement.

« Il existe de nombreuses façons de produire des connaissances sur son environnement et sa communauté. Une perspective interdisciplinaire et transdisciplinaire implique le respect des systèmes de connaissances autochtones », explique la professeure.

Deux personnes debout au bord d'un plan d'eau

Le Grand lac des Esclaves, près de Yellowknife, en 2023

La collaboration de la Pre Parlee avec les communautés dénées des Territoires du Nord-Ouest, où le troupeau de caribous de Bathurst est passé de 475 000 à moins de 5 000 têtes en moins de trente ans, est un exemple convaincant de cette approche, qui fait le pont entre la science et les connaissances autochtones. Le déclin alarmant des caribous menace la sécurité alimentaire, mais aussi le patrimoine culturel et le mode de vie des Dénés, pour qui le caribou est un animal essentiel.

Réalisé en collaboration avec les communautés dénées, ce travail, qui combine les histoires orales sur les déplacements des caribous et l’analyse dendrochronologique des traces de piétinement sur les racines exposées d’arbres de la toundra, a permis à l’équipe de recherche d’estimer la taille historique des troupeaux, de suivre les tendances de migration et de déterminer les causes humaines possibles du déclin de la population de cette espèce.

Brenda Parlee estime que cette approche de recherche collaborative et transdisciplinaire, en plus d’enrichir la formation des étudiantes et étudiants de McGill, permettra aux communautés nordiques de faire l’expérience de méthodes d’apprentissage de niveau universitaire. Elle affirme qu’il est essentiel de travailler à partir de la base et de collaborer avec toutes les personnes concernées à chaque étape de la recherche, de la conception à la publication des résultats.

« Nous voulons donner aux habitants du Nord la possibilité d’établir leurs propres données probantes sur certaines de ces questions, en devenant coauteurs d’articles, ou en participant à des conférences ou à des événements locaux, comme ceux de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, où les possibilités ont toujours été limitées », explique-t-elle.

Il est essentiel d’offrir de telles options. Les problèmes que vivent les communautés nordiques, comme les contaminants, les microplastiques et les contraintes climatiques, particulièrement épineux dans le Nord, ne trouvent pas leur origine dans cette région. Selon la professeure Parlee, il est donc capital de promouvoir le dialogue et l’échange de connaissances entre les communautés nordiques et les organisations mondiales afin d’améliorer la compréhension des nombreuses pressions actuelles et émergentes, et de trouver des solutions fructueuses et durables.

La Chaire Bieler accorde une importante particulière aux réseaux de personnes dans le Nord et à leurs liens avec les organisations mondiales, et s’efforce d’appuyer ces réseaux. « Nous ne faisons pas seulement de la recherche, nous œuvrons à la réconciliation et à la justice sociale et environnementale en créant des relations significatives », explique Brenda Parlee.

La professeure est impatiente de créer un groupe d’acteurs du changement en collaboration avec d’autres chercheuses et chercheurs et des étudiantes et étudiants de l’Université McGill. Elle se réjouit des possibilités qui seront créées et des nouvelles technologies qui pourront faciliter le travail et promouvoir l’interdisciplinarité et l’apprentissage.

Un aperçu des effets du changement climatique

Afin de rapprocher la science et la société, la Pre Parlee souhaite créer un laboratoire unique en son genre dédié au Système d’information géographique, un espace d’apprentissage communautaire et collaboratif où population étudiante, public et décideurs politiques peuvent constater les effets du climat sur les paysages et sur certaines espèces, comme le caribou.

« Le grand public ne lit pas les articles scientifiques, et les universitaires doivent donc trouver différentes façons de diffuser les résultats de leurs travaux. » Ainsi, un tel laboratoire serait une excellente solution pour renforcer les liens entre l’Université, les communautés, les ONG et les gouvernements, au Québec et à l’étranger.

La professeure Parlee voit également des possibilités de mieux faire connaître les habitants du nord des provinces canadiennes et de soutenir leur travail. « Il existe de nombreuses communautés nordiques qui ne sont pas nécessairement connues du grand public et qui ont un accès plus limité aux possibilités de recherche que d’autres régions du Canada. »