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Je Donne

Un vote pour la démocratie

Garvin Brown et sa femme Steffanie Diamond Brown, diplômés de McGill, font don de cinq millions de dollars à l’École de politiques publiques Max Bell.

McGill alumnus Garvin Brown

Quand il s’agit de politiques clivantes, G. Garvin Brown IV (B.A. 1991) n’a pas son pareil pour être à la bonne place au mauvais moment.

Il se rappelle deux élections aux États-Unis, son pays natal, au cours desquelles le gagnant du vote populaire n’a pu faire son entrée à la Maison-Blanche, de deux référendums explosifs au Québec, où il résidait à l’époque, qui ont déchiré des familles, et de trois autres au Royaume-Uni, où il vit maintenant, qui ont transformé des dossiers complexes en enjeux populistes superficiels.

« Ces exemples démontrent bien à quel point les systèmes électoraux peuvent miner des démocraties en santé, exagérer le poids d’une victoire ou d’une défaite, empêcher les discours mesurés et encourager les extrémismes, analyse M. Brown, président du conseil de Brown-Forman, l’une des plus importantes entreprises de vins et spiritueux au monde.

Si nos systèmes étaient plus équilibrés, peut-être pourrions-nous tenir des débats moins passionnés et plus constructifs sur notre passé et notre avenir. »

C’est cette réflexion qui explique pourquoi Garvin Brown et son épouse, Steffanie Diamond Brown, ont fait don de cinq millions de dollars à l’École de politiques publiques Max Bell. Cette somme contribuera à la recherche et à l’enseignement en soutenant la dotation d’une chaire d’études sur la démocratie qui favorisera la promotion du savoir et la sensibilisation de la population, les débats publics sur les principaux enjeux auxquels sont confrontées les démocraties et les décisions politiques fondées sur des données probantes. Elle permettra aussi de tenir chaque année à Montréal une conférence publique où l’on pourra débattre d’idées, de voies nouvelles et de solutions axées sur les données pouvant améliorer les processus électoraux et accroître la mobilisation citoyenne.

Ayant grandi à Montréal, Garvin Brown a étudié l’histoire et la science politique à McGill avant d’obtenir une maîtrise de l’Université de la Colombie-Britannique. Il a ensuite rallié Brown-Forman, l’entreprise familiale fondée par son arrière-arrière-grand-père en 1870 et qui compte entre autres marques le whiskey Jack Daniel’s, ne la quittant brièvement que pour déménager au Royaume-Uni et décrocher un MBA de la London Business School.

Tout en menant sa vie d’homme d’affaires, Garvin Brown est féru du processus démocratique, plus particulièrement de pséphologie, soit l’analyse statistique des élections. 

« Je suis fou de pséphologie », admet-il. Ce n’est pas la branche la plus colorée des politiques publiques ou de la science politique, mais son importance est capitale : elle se rattache à l’organisation de nos démocraties et nous ramène à la racine de plusieurs de nos problèmes.

M. Brown évoque notamment le système dominant du scrutin uninominal majoritaire à un tour, qui permet à des candidats récoltant moins de 50 % du suffrage populaire de l’emporter.

Il estime par ailleurs que les politiques publiques se heurteront bientôt à des écueils majeurs et que plusieurs menaces pèsent sur nos démocraties, du découpage électoral partisan à l’influence technologique qu’illustre le récent mésusage de données personnelles par Facebook et Cambridge Analytica.

Nourrie par sa passion pour les politiques publiques, la philanthropie de Garvin Brown l’est aussi par un attachement durable à son alma mater. Il évoque avec chaleur son expérience à McGill et les professeurs qui ont éveillé son intérêt indéfectible pour l’histoire et la politique, parmi lesquels Charles Taylor, James Tully et W. James Booth, qui donnaient un cours ensemble.

« Chaque jour, j’avais l’impression de me retrouver devant des vedettes rock, raconte-t-il. Nous étions 200 dans une grande salle de conférences, tous suspendus à leurs lèvres. »

Comme la plupart des diplômés, M. Brown garde aussi souvenir de la vie à l’extérieur du campus, entre autres du légendaire bar Bifteck, sur le boulevard Saint-Laurent, qu’il fréquentait avec ses amis. Habitant tout près du campus du centre-ville, il était par ailleurs plongé au cœur de son histoire familiale : son grand-oncle vivait à proximité, son grand-père, l’honorable Paul Casey (Droit, 1928), juge à la Cour d’appel du Québec prêtant son nom au Prix de stage en arts Paul et Yvonne Casey crée par Garvin Brown, a grandi sur la rue Hutchison, et sa grand-tante, Betsy Holland, a travaillé pendant 25 ans au Département de comptabilité de l’Université. 

Et c’est sans compter qu’il a rencontré sa femme, Steffanie Diamond, pendant leurs études à McGill. En hommage aux deux familles, la nouvelle chaire sera nommée Chaire d’études sur la démocratie Diamond-Brown.

« Nous souhaitons que notre don stimule les travaux en théorie politique, en politique comparée, et même en relations internationales et en études canadiennes, souligne M. Brown. Tenir des débats sains sur nos politiques publiques reste un défi constant. »