Audrea Golding (B.A. 1990) se rappelle être entrée dans le pavillon de l’association étudiante, peu après son arrivée à McGill, à la fin des années 1980, et y avoir croisé une étudiante qu’elle avait connu à l’école secondaire, en Jamaïque.
« Nous avons éclaté de rire, tellement heureux de voir un visage familier! Nous étions toutes les deux tellement loin de chez nous », raconte l’ancienne étudiante, qui se sentait si dépaysée, seule dans la grande ville.
Devenue membre de l’Association des étudiants des Caraïbes ainsi que du Réseau des étudiants noirs, Audrea Golding a rapidement trouvé sa place au sein de la communauté mcgilloise. Ces groupes ont fait naître des amitiés et un sentiment d’appartenance, en plus de lui procurer un espace sûr pour débattre de questions politiques et un tremplin pour lancer des initiatives de mobilisation sur le campus.
Cette avocate de renom travaillant en droit de l’immigration dans la Silicon Valley, en Californie, a récemment renoué avec ses racines mcgilloises. Elle a créé un prix destiné aux étudiants noirs en fin de programme qui, en plus d’être en voie d’obtenir leur diplôme, ont fait preuve de leadership et ont suscité des changements positifs dans leur milieu, à l’instar des leaders étudiants noirs qu’elle a connus pendant ses études à McGill.

Audrea Golding, BA'92
Lorsque Torie Williams (B.A. 2021) a appris qu’elle était l’une des deux premières lauréates du Prix de leadership Audrea-Golding pour les étudiants noirs, elle était fière et ravie de cette marque de reconnaissance de la part de l’Université.
« Dans les établissements à majorité blanche où le racisme anti-noir est bien enraciné, les étudiants noirs peuvent facilement souffrir du syndrome de l’imposteur ou avoir l’impression de devoir travailler vingt fois plus pour obtenir la même reconnaissance que les étudiants blancs, explique la lauréate. Les prix destinés aux étudiants noirs font valoir et font connaître nos réalisations. »
Au cours de ses études, Torie Williams a été active au sein du Réseau des étudiants noirs et de la McGill Women in Leadership Students Association. Elle a présidé le Réseau durant l’année universitaire 2019‑2020 et a organisé des événements comme Black Grad (pour les finissants noirs) et Black Orientation (accueil des étudiants noirs), tout en poursuivant ses études de baccalauréat (cheminement Honours) en économie avec mineures en développement international et en français.
« C’est fantastique de voir des diplômés noirs donner au suivant en proposant ces prix », se réjouit-elle. Elle confie aussi que ce prix est d’autant plus spécial qu’il a été créé par une personne qu’elle admirait déjà : elle avait interviewé Audrea Golding pour une rubrique mettant en vedette des diplômés sur le site Web du Réseau des étudiants noirs.

Torie Williams, BA'21
Sa colauréate, Sommer Knight (M. Sc. 2020), voit dans le prix Golding une forme de reconnaissance qu’elle accepte non seulement en son propre nom, mais aussi au nom de tous ceux et celles (sa mère, sa grand-mère, ses amis et les membres de son église) qui l’ont aidée à se rendre où elle est aujourd’hui.
Plus jeune, elle s’est elle-même butée aux obstacles que rencontrent les minorités raciales au Canada lorsqu’elles tentent d’accéder à des services de santé mentale. « C’est pour ça qu’aujourd’hui, je défends bec et ongles le droit à de meilleurs services pour les jeunes et les familles noirs, souvent laissés pour compte en traitement ou en recherche », explique la lauréate, qui lutte contre ces iniquités par son action citoyenne et ses recherches universitaires.
Pendant ses études de maîtrise à la Division de psychiatrie sociale et transculturelle de McGill, elle s’est engagée auprès de divers groupes, tant à l’Université qu’à l’extérieur de l’Université, comme le Black Community Resource Centre, l’Association jamaïcaine de Montréal et le Centre de soutien par des pairs de McGill.
« Ce prix est inestimable, puisqu’il me confirme que j’ai une voix en tant que femme noire dans mon domaine et qu’il y a des gens qui m’appuient », dit-elle.
Des retombées multiples
Audrea Golding a été invitée à annoncer le lancement de son prix lors de la cérémonie Black Grad de juin 2021 (tenue en mode virtuel); cet événement a pour objectif de souligner les réussites des étudiants noirs de McGill.
Ayant connu les pressions financières de la vie d’étudiante, cette diplômée a voulu créer un prix qui pourrait alléger ce stress et « motiver ceux qui s’emploient à bonifier la société et le cadre d’apprentissage ». « Les besoins ne disparaissent pas » après la collation des grades, fait-elle observer.
Torie Williams, qui a trouvé un emploi comme consultante à Toronto après avoir obtenu son diplôme, est reconnaissante de la marge de manœuvre que lui offre le prix Golding en lui permettant de réfléchir à son avenir et d’envisager une nouvelle formation universitaire.
Elle a reçu des conseils d’Audrea Golding, qui offre à titre officieux ses services de mentore aux étudiants noirs de McGill – tout particulièrement à ceux qui, comme Torie Williams, songent à entreprendre une formation en droit.
Selon Audrea Golding, il est important, pour les étudiants et les nouveaux diplômés noirs, d’avoir accès à des gens « qui leur ressemblent, qui ont eu des expériences semblables et qui sont prêts à leur donner un coup de main dans leur parcours professionnel. »
« Le réseau est tellement important dans le monde du travail; c’est fantastique de voir des femmes noires qui épaulent d’autres femmes noires, dit Torie Williams. Le mentorat des Noirs par des Noirs peut être un outil précieux pour les étudiants qui veulent aller au bout de leur passion et trouver leur voie. »

Sommer Knight, MSc'20
Quant à Sommer Knight, actuellement candidate au doctorat en psychologie clinique à l’Université d’Ottawa, le prix Golding lui apporte les ressources et la motivation dont elle a besoin pour demeurer une cheffe de file dans son milieu.
Elle participe activement aux efforts en faveur de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) à l’Université d’Ottawa, notamment comme membre du Comité EDI de l’École de psychologie et du Comité d’action antiracisme et inclusion.
Comme chercheuse, elle poursuit l’œuvre entreprise à McGill : « Je m’intéresse à la satisfaction des besoins des familles noires en santé mentale ainsi qu’à l’intégration d’une plus grande sensibilité culturelle aux interventions en santé mentale ». Elle espère que ses recherches mèneront à des solutions concrètes pour les familles comme la sienne, désavantagées dans le système actuel.
De meilleures perspectives pour les diplômés noirs
Jusqu’à tout récemment, Audrea Golding était la seule et unique partenaire noire de son cabinet d’avocats. Elle comprend donc parfaitement la situation du seul et unique représentant d’une minorité visible dans un milieu de travail, qui devient d’office la personne-ressource pour toute question liée à la diversité raciale.
« J’ai trouvé difficile de parler au nom d’un pan entier de la société sur certaines questions », confie l’avocate, qui a décidé d’accompagner d’autres avocats noirs dans leur cheminement professionnel. Elle a constaté certains progrès au cours des dernières années et cela lui donne espoir : grâce à cette prise de conscience – à l’échelle des individus comme des organisations – de la valeur des leaders noirs, peut-être Sommer Knight et Torie Williams pourront-elles vivre des expériences différentes de la sienne dans le monde du travail.
Audrea Golding est très impressionnée par ce qu’elle a vu à la cérémonie Black Grad l’été dernier, et elle se réjouit de voir davantage de leaders noirs prendre leur place à McGill. Tout récemment, elle a été émue aux larmes de recevoir une carte des fêtes signée par Yolande E. Chan, première doyenne noire de la Faculté de gestion Desautels. Après avoir parlé de la réception de cette carte dans les médias sociaux, elle a découvert, à sa grande surprise, que la doyenne était non seulement une compatriote jamaïcaine, mais aussi une ancienne élève de son école secondaire en Jamaïque.
En renouant avec son alma mater, Audrea Golding a vécu de nombreuses expériences inattendues et enrichissantes, comme celle-là. Elle encourage d’autres diplômés noirs à faire de même, parce qu’elle a constaté l’effet positif de ces rencontres sur les étudiants et les jeunes diplômés, mais aussi sur l’ensemble de la population noire.
« Comme diplômés, nous avons tous beaucoup à partager. Nous pouvons établir des liens avec la relève et lui offrir une source de motivation. Nous sommes là pour ça. »