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Loin des bombes

Yuliia Holik, candidate au doctorat en droit international, a dû fuir l’Ukraine à la suite de l’invasion russe de sa ville. Elle est parmi les premiers bénéficiaires du nouveau Fonds d’aide aux étudiants et aux chercheurs en situation de risque de l’Université McGill.

Yuliia Holik

Yuliia Holik

Photo Credit: Owen Egan/Joni Dufour

Yuliia Holik a déjà caressé le rêve d’étudier le droit aérien et spatial à l’Université McGill.

C’est toutefois un rêve auquel elle a dû renoncer. Bien qu’elle ait été admise à la Faculté de droit en 2019, il lui a été impossible de se rendre à McGill, faute de ressources financières. Elle a plutôt continué ses études de doctorat à l’Université nationale de droit Yaroslav Mudryi (considérée comme l’une des meilleures universités de droit en Ukraine) chez elle, à Kharkiv.

Puis, en février 2022, la Russie a lancé son offensive tous azimuts contre l’Ukraine, forçant les habitants de Kharkiv à fuir pour échapper aux frappes aériennes. Massée dans un corridor obscur pendant des jours avec sa mère et sa grand-mère de 90 ans, avec le bruit des bombardements en arrière-plan, Yuliia Holik a été contrainte de suspendre sa thèse de doctorat, laquelle portait sur la coopération internationale dans le domaine de la cybersécurité en aviation civile.

Elle a ensuite pu quitter Kharkiv avec sa famille pour rejoindre des proches à Smila, une petite ville du centre de l’Ukraine. S’attendant à revenir quelques semaines plus tard, la doctorante n’avait apporté qu’un sac d’urgence contenant quelques vêtements, des médicaments, le nécessaire pour monter une tente de fortune et de la corde pour faire sécher ses vêtements. Elle avait laissé tout le reste, y compris son ordinateur portable et toute la documentation relative à sa thèse, derrière elle.

« Ma grand-mère m’a raconté des centaines de fois l’histoire de son arrivée à Kharkiv, en 1951, avec une seule valise et une seule robe, se rappelle-t-elle. Je connais cette histoire par cœur, et je me suis toujours demandé comment elle avait pu partir avec une seule valise. Et maintenant, voilà que je me retrouvais avec une petite valise, sans même une robe. »

À Smila, où la situation était relativement sûre, Yuliia Holik a suivi la recommandation du doyen de son alma mater et a entrepris des démarches auprès d’universités à l’étranger dans l’optique de recommencer sa thèse, loin des bombes.

Elle a pris contact avec la Pre Josephine Nalbantoglu, doyenne des Études supérieures et postdoctorales à l’Université McGill, qui a pu lui offrir un mandat d’un an comme stagiaire de recherche grâce au nouveau Fonds d’aide aux étudiants et aux chercheurs en situation de risque. Ce fonds permet à l’Université d’accorder une aide financière d’urgence aux étudiants, aux boursiers postdoctoraux et aux chercheurs postdoctoraux internationaux déplacés en raison d’une crise humanitaire, de sorte qu’ils puissent poursuivre leur parcours universitaire dans un milieu sûr et stable.

« Une crise humanitaire peut entraver des années de travail et de recherches, souligne la Pre Nalbantoglu. L’accès aux ressources universitaires est perdu, les expériences sont gâchées, la collecte de données est interrompue. Les gens qui fuient une crise arrivent parfois complètement démunis. Grâce à ce fonds, l’Université peut offrir à ces étudiants et à ces chercheurs un refuge, un accès aux ressources leur permettant de reprendre leur travail, et le financement nécessaire pour combler leurs besoins essentiels. »

Les étudiants en situation de risque pourront, selon le cas, obtenir une exemption de droits de scolarité, une assurance maladie, une allocation de subsistance, une aide en matière de logement et du soutien linguistique. Le Fonds offrira aussi un nouveau port d’attache universitaire aux professeurs et aux chercheurs déplacés grâce à des postes temporaires de recherche et d’enseignement ainsi qu’à des allocations ou à des bourses couvrant les frais de subsistance. Le Fonds permettra par ailleurs à l’Université McGill d’élargir ses collaborations existantes avec des organismes comme Scholars at Risk, le New University in Exile Consortium et l’Institute of International Education, qui gère le Scholar Rescue Fund, également destiné aux universitaires en situation de risque.

Selon Cara Piperni, directrice du Bureau des bourses et de l’aide financière aux étudiants, la création de ce fonds envoie le message aux étudiants déplacés, comme Yuliia Holik, que l’Université McGill souhaite contribuer à leur épanouissement.

L’équipe de Cara Piperni, qui vient notamment en aide aux étudiants au premier cycle touchés par des urgences humanitaires, côtoie depuis des années de telles situations de crise, dont le conflit en Ukraine n’est malheureusement qu’un des plus récents exemples.

« Nous sommes régulièrement confrontés à des scénarios difficiles, avoue-t-elle. Nous collaborons avec des étudiants issus de camps de réfugiés. Nous sommes intervenus après l’explosion à Beyrouth, nous avons apporté un soutien aux étudiants syriens et afghans pendant les périodes de déplacement de populations. Ces événements mondiaux créent un état de vulnérabilité tel que les étudiants sont parfois contraints de retarder ou d’interrompre leur parcours universitaire. Du jour au lendemain, leurs plans s’effondrent et leurs options s’épuisent. Notre objectif est de répondre aux préoccupations immédiates et concrètes, à savoir, les frais de base associés à leur formation, afin que ces étudiants puissent poursuivre leurs parcours.»

« Les étudiants aux cycles supérieurs, quant à eux, ont atteint l’étape clé où ils repoussent désormais les limites du savoir et façonnent un avenir meilleur grâce à leurs recherches, ajoute la Pre Josephine Nalbantoglu. Nous voulons leur permettre de se consacrer à temps plein à leurs travaux de recherche et de trouver un sentiment d’appartenance au sein de la communauté mcgilloise. »

Arrivée à Montréal à la mi-mai, Yuliia Holik est parmi les premiers bénéficiaires du Fonds d’aide aux étudiants et aux chercheurs en situation de risque. À titre de stagiaire de recherche, elle aura accès aux bibliothèques de l’Université et sera supervisée par des membres du corps professoral pendant qu’elle mènera ses travaux et rédigera sa thèse, qu’elle n’aura heureusement pas besoin de recommencer. Son père a pu récupérer son ordinateur portable à Kharkiv et ses fichiers sont maintenant sauvegardés sur un disque dur externe ainsi que sur un portable qui lui a été généreusement offert par l’ami d’un membre du personnel de l’Université McGill.

Comme plusieurs de ses concitoyens venus à Montréal grâce à l’aide du gouvernement canadien, la stagiaire ukrainienne a également droit à un logement temporaire dans la Nouvelle Résidence pendant qu’elle se cherche un appartement. Alors qu’elle s’adapte à son nouvel environnement et qu’elle entame une longue guérison après le traumatisme de la guerre, entendre ses deux langues maternelles (l’ukrainien et le russe) lui procure un réconfort.

« J’adore les avions, confie-t-elle. Avant, je les entendais partout où j’allais. Ici, à Montréal, je les entends souvent, mais pendant quelques secondes, ça me glace le sang. Certains autobus, quand ils démarrent et freinent, font un bruit semblable aux sirènes annonçant des frappes aériennes. Même après avoir quitté l’Ukraine, je garde cette impression de vivre en temps de guerre, c’est inévitable. »

Yuliia Holik se sent très loin de sa famille et de sa patrie et s’inquiète de leur sort. Mais elle est aussi profondément touchée par la générosité et la bienveillance des membres de la communauté mcgilloise, et reconnaissante de cet « énorme cadeau d’une vie nouvelle » rendu possible grâce au soutien des donateurs.

« S’il existe un moyen de créer une nouvelle vie autrement qu’en donnant naissance, c’est en faisant un don comme celui-là. »

Nous vous invitons à faire un don en appui au Fonds d’aide aux étudiants et aux chercheurs en situation de risque de l’Université McGill.

Découvrez comment soumettre une demande de soutien auprès du Fonds d’aide aux étudiants et aux chercheurs en situation de risque de l’Université McGill.

 

Soutenez le Fonds d'aide de McGill aux étudiants et chercheurs en situation de crise

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