Une équipe de conseillères satellites du Pôle bien-être étudiant de McGill offre un soutien essentiel novateur en santé mentale à l’ensemble des étudiants et étudiantes de l’Université. Et les besoins auxquelles elles répondent sont aussi diversifiés que la population étudiante mcgilloise.
Melissa Cobbler, Sabine Nérée et Angela Ahenkorah sont trois professionnelles en santé mentale qui conseillent les étudiantes et étudiants noirs sur des difficultés diverses allant des enjeux courants de santé mentale aux problèmes liés au choc des cultures et au racisme systémique.
Travailleuse sociale clinicienne, spécialiste en thérapie de couple et en thérapie familiale ainsi que psychothérapeute, Melissa Cobbler est conseillère satellite en bien-être au service des personnes autochtones, noires et de couleur. Sabine Nérée, psychologue clinicienne, conseille les étudiantes et étudiants noirs au Pôle bien-être, et Angela Ahenkorah, infirmière praticienne spécialisée en santé mentale, est conseillère satellite auprès des étudiantes et étudiants noirs.
Nous nous sommes entretenus avec elles.
Q. De quels types de soutien ont besoin les étudiants et étudiantes qui font appel au Pôle bien-être?
Sabine Nérée : Ils ont besoin d’aide pour gérer des problèmes communs de santé mentale – dépression, anxiété, TDA –, des difficultés familiales, des ruptures conjugales, des difficultés scolaires, du racisme et de la discrimination sur le campus et à l’extérieur du campus, de la violence sexuelle ou familiale, de la violence conjugale, ainsi que des traumatismes.
Q. Y a-t-il des difficultés propres aux étudiantes et étudiants noirs de McGill?
Melissa Cobbler : Oui, par exemple le fait d’évoluer comme personne racialisée à l’Université et en société. Pour les nouveaux arrivants, il y a aussi la compréhension de la culture canadienne, l’acculturation, et le racisme et la discrimination sur le campus et à l’extérieur du campus.
Angela Ahenkorah : La météo – certaines personnes vivent ici leur tout premier hiver. La langue et l’accent, surtout pour les étudiants aux cycles supérieurs, qui peuvent poser problème avec les superviseurs, voire rendre la communication très difficile.
Sabine Nérée : Les conflits entre un parent qui n’est pas familier avec la culture canadienne et un étudiant né ici : le choc des cultures et la difficulté à comprendre l’autre sont des enjeux fréquents. La volonté de définir son identité culturelle peut également être la source de problèmes.
Q. Qu’en est-il de la discrimination, du racisme et des préjugés?
Angela Ahenkorah : Lorsque nous abordons le sujet de la culture avec les clients, c’est tout un univers qui s’ouvre à nous. Il est positif de voir qu’ils sentent notre ouverture. C’est comme si on créait un espace sûr. Ils ont tellement à dire, c’est proprement hallucinant. Ils demandent même parfois si c’est correct d’en parler.
Q. Vous avez récemment organisé un atelier pour les étudiantes et étudiants noirs sur les difficultés que posent les études supérieures. Pouvez-vous nous en dire plus? Quels thèmes avez-vous abordés?
Melissa Cobbler : Nous avons accueilli 18 étudiants en personne pour échanger et discuter, ce qui, pour nous, est déjà une importante réussite. Nous faisons notre possible pour encourager les rencontres entre les membres de la communauté, parce que la recherche nous enseigne que le soutien et les liens sociaux favorisent la santé mentale et le bien-être général. Lorsqu’ils se rencontrent, les participants réalisent que les difficultés qu’ils vivent à McGill sont semblables, tout comme d’ailleurs les avantages d’étudier à McGill. Bref, ils comprennent qu’ils ne sont pas seuls.
Nous convions aussi les boursiers et boursières de la Fondation Mastercard à des groupes de soutien mensuels. Cinq étudiants ont participé au premier groupe. L’énergie était bonne. Au fond, il s’agit d’un espace sécuritaire pour les étudiantes et étudiants de l’Afrique subsaharienne où discuter de la réalité des nouveaux arrivants au Canada, de racisme, du désir d’avoir une ou un ami de cœur, d’intégration à la société, ce genre de choses.
Angela Ahenkorah : Ce que nous tentons de promouvoir avant tout, ce sont les espaces d’affinité pour les étudiantes et étudiants qui ne sont pas intéressés par du counseling individuel. Ainsi, chaque fois que nous en avons l’occasion, nous créons un espace qui leur permet de socialiser.
Q. Qu’est-ce que votre travail avec les McGillois et McGilloises vous a appris?
Melissa Cobbler : Que notre présence est importante. Malheureusement, le racisme est une réalité, à McGill comme ailleurs. En plus des thèmes communs – l’anxiété, la dépression, les affaires de cœur, la compréhension de soi –, beaucoup d’étudiants et étudiantes doivent composer avec les difficultés et les souffrances qu’entraîne la discrimination qu’ils risquent de vivre simplement en raison de leur identité. Ce que j’ai appris, c’est que les systèmes en place peuvent nuire aux étudiants noirs, et que le soutien et la possibilité de socialiser que nous leur offrons revêtent une grande importance.
Angela Ahenkorah : Il est bien de savoir qu’avant de terminer leurs études et de laisser leur marque dans le monde, ces étudiantes et étudiants noirs viendront chez nous s’outiller pour faire face aux écueils qui jalonneront leur parcours. Parce que nous leur parlons de racisme, ce racisme qui, il faut le dire, est systémique. Grâce au soutien qu’ils auront reçu à McGill, ils seront mieux équipés pour y faire face. Les besoins sont concrets et notre soutien est essentiel.
Q. Que trouvez-vous enrichissant dans votre travail?
Angela Ahenkorah : Voir la résilience des étudiants et voir se révéler leurs forces. C’est vraiment quelque chose. Je crois que la possibilité de redonner à ma communauté et à mon alma mater, c’est une véritable chance.
Sabine Nérée : C’est mon emploi de rêve. J’adore travailler avec les jeunes, avoir une incidence sur leur vie, et j’adore la synergie et les liens que mes collègues et moi entretenons. Le fait que l’Université soutient les initiatives de lutte contre le racisme anti-noir est également important. Ce n’est pas parfait, mais McGill promeut vraiment l’équité, la diversité et l’inclusion.