À l’approche de la Journée mondiale du cancer qui se tiendra le 4 février prochain, je deviens émotive à l’idée de voir se concrétiser nos efforts déployés collectivement visant à trouver des solutions à des problèmes de soins de santé dans le but d’améliorer des vies.
Comme beaucoup d’autres personnes, j’ai vécu de près les effets dévastateurs du cancer. À 17 ans, j’ai perdu mon père des suites d’un glioblastome, une forme maligne de cancer du cerveau. Il n’avait que 53 ans. Son état de santé l’empêchait de travailler et ma mère, qui assumait le rôle d’infirmière à temps plein, a dû renoncer à un salaire également. La pression financière était telle pour nous, que nous avons bien failli perdre notre maison.
Cette épreuve a éveillé mon intérêt pour la recherche et l’étude de moyens efficaces pour traiter et guérir cette maladie sous toutes ses formes. Les effets du cancer sont si vastes. La maladie elle-même déclenche une réaction en chaîne de conséquences médicales et sociales dont les effets se font sentir pendant des dizaines d’années, et parfois des générations.

Catherine Dufour avec sa famille
Malheureusement, il y a neuf ans, ma mère a reçu un diagnostic de cancer colorectal de stade 4. Je n’ai jamais eu aussi peur. En tant que chercheuse, je connaissais la complexité de ce cancer et les nombreuses limites de son traitement. Après avoir craint le pire en apprenant qu’elle ne vivrait probablement qu’une année, ma mère et notre famille avons eu de la chance. Grâce à des interventions, ma mère a pu profiter de sept autres années, dont elle a savouré chaque instant.
Par contre, cette fois-ci, elle a perdu sa maison. Les contraintes financières liées à sa maladie, auxquelles il faut ajouter la maladie de Huntington de mon beau-père et la pandémie de COVID-19, étaient tout simplement trop importantes pour elle, et il lui fallait faire des compromis.
Ma mère était forte. Elle a lutté aussi longtemps qu’elle l’a pu grâce à d’extraordinaires interventions médicales. Sa force était contagieuse. J’ai vu ma mère aider les autres et donner de sa force aux proches autour d’elle, et notamment à d’autres personnes atteintes du cancer. Parfois, il suffit de partager votre histoire pour que les gens sachent qu’ils ne sont pas seuls.
La perte de deux parents à cause du cancer, ainsi que d’autres proches, a été l’occasion pour moi de réaliser tout ce qu’un bon réseau de soutien peut apporter. Nous avons un pouvoir énorme pour faire évoluer les choses et réduire la douleur et la souffrance causées par le cancer.
En tant qu’assistante de recherche à l’Institut du cancer Rosalind et Morris Goodman, j’occupe un rôle central dans le cadre d’importants travaux de recherche. Un travail qui change des vies dans lequel j’étudie le cancer pour qu’il se produise moins d’histoires comme la mienne. Je puise mon inspiration et ma passion du fait de savoir que mon travail peut changer et changera la donne.
Alors que de nouveaux traitements et que de nouvelles interventions sont à l’étude, tant de perspectives sont à prendre en considération. Par exemple, il est tout aussi important de comprendre les effets secondaires d’un traitement que de les atténuer. Le corps humain est une machine à la fois magnifique et complexe. Par conséquent, il est difficile de prédire comment une partie du corps réagira lorsqu’une autre est traitée. Il y a toujours plus à apprendre, à étudier, à considérer. Comme nous souhaitons améliorer et protéger la vie des gens, le boulot ne manque jamais.
J’aime à croire que chaque maladie peut être guérie, et que la recherche est la clé pour y parvenir. Un monde sans recherche est un monde sans espoir, et l’espoir, c’est ce sentiment qui nous rend tous plus forts. Toutefois, pour progresser, nous avons besoin d’aide. La recherche sur le cancer est d’ailleurs complexe. Nous devons nous attaquer à cette maladie sur de nombreux fronts. Entre autres, il faut acquérir des connaissances fondamentales sur l’initiation de tumeurs, la progression de la maladie, les métastases, les mécanismes de résistance thérapeutique et la dormance, et aussi il faut comprendre l’incidence de la nutrition et la réaction du système immunitaire en présence du cancer, et bien plus encore. Sans le financement et la générosité des donateurs, aucun de ces sujets de recherche ne peut prendre forme.
À l’occasion de la Journée mondiale du cancer, je suis reconnaissante de la générosité des donateurs envers l’Institut du cancer Goodman. Grâce à eux, il nous est possible de mener des recherches qui ont des effets concrets, et ainsi assurer un avenir meilleur. Un avenir sans cancer.