Skip to main content
Je Donne

Former les chefs de file d’une planète plus saine

 L’Initiative pour l’ère écozoïque donne aux étudiants de cycles supérieurs de McGill les outils et connaissances dont ils ont besoin pour changer la donne

McGill graduate students at the Elbow Lake Environmental Education Centre.

L’Initiative pour l’ère écozoïque, un projet de cycle supérieur, tend aux chercheurs de McGill les clés d’un monde meilleur.

Si l’époque actuelle est souvent désignée sous le nom d’anthropocène, terme marquant les effets de l’activité humaine sur la planète, les étudiants participants seront invités à mettre leurs travaux au service d’une cause : notre entrée dans l’ère écozoïque.

Inventé par le penseur Thomas Berry, ce mot évoque une relation mutuellement bénéfique entre l’humain et son environnement qui n’est plus affaire d’utilisation, mais de respect et de bienveillance.

« Nous sommes en plein anthropocène et, pour bien des raisons, la situation n’est pas rose. Pour entrer dans l’écozoïque, nous devons modifier notre rapport à la Terre », note Peter Brown, chercheur principal de l’Initiative et professeur au Département des sciences des ressources naturelles, à l’École d’environnement et au Département de géographie.

« C’est un défi de taille, un changement de paradigme. On explore en détail tout ce qui touche notre planète. Il faut changer, oui… mais comment nous y prendre? », se demande Mick Babcock, étudiant de l’Initiative dont les travaux portent sur les cadres conceptuels de la pensée environnementale. « Nous devons rendre possible la transition vers un monde plus juste. »

L’importance de la littératie scientifique

C’est à l’automne 2018 que l’Initiative pour l’ère écozoïque a pris son envol, grâce au financement très généreux d’un donateur anonyme des États-Unis. Selon l’un des principes fondamentaux de ce projet, le respect de la Terre passe par la littératie scientifique. C’est d’ailleurs pourquoi les étudiants suivent d’abord quatre cours qui couvrent les notions de base en chimie, en physique et en biologie, et lèvent le voile sur des idées et des mythes sans assises scientifiques qu’entretient notre société.

« Le manque de connaissances scientifiques est un problème criant, estime Dina Spigelski, chargée de projet de l’Initiative et chargée de cours à l’École de nutrition humaine. Nous voulons que nos étudiants comprennent comment l’Univers fonctionne et pourquoi. »

Mick Babcock est l’exemple parfait du type de chercheur interdisciplinaire qui apporte une valeur ajoutée au projet : issu des arts libéraux, il a choisi de travailler dans un département hautement spécialisé en sciences pures. Dans le cadre de son stage, il s’intéressera aux systèmes agricoles du Land Institute de Salina, au Kansas.

« Des concepts comme ceux de limites planétaires et de taux de réchauffement climatique sont scientifiquement fondés, explique-t-il. C’est d’ailleurs la science qui doit orienter notre quête de changement. »

La croissance du programme

L’Initiative pour l’ère écozoïque est née d’un autre projet de cycle supérieur appelé Économie pour l’anthropocène.

Lorsque celui-ci prendra fin au printemps prochain, il aura formé quelque 40 titulaires de doctorat en économie écologique, discipline qui aborde l’économie dans le contexte de l’écosystème planétaire, et non comme une sphère indépendante.

« L’économie écologique, c’est savoir cerner et définir un problème en s’attardant à son incidence sur l’ensemble de la planète, du point de vue des flux d’énergie et des matières », précise Dina Spigelski.

Les étudiants des projets Économie pour l’anthropocène et Initiative pour l’ère écozoïque viennent de domaines variés, dont le droit, le génie, la science, l’économie et l’anthropologie. Ils apprennent les uns des autres, ce qui constitue un atout indéniable pour le projet.

« Pareil mélange nous permet de compter sur des cohortes beaucoup plus enrichissantes que si nous nous en tenions à la seule moyenne pondérée cumulative. Nous voulons attirer des étudiants aux compétences et aux champs d’intérêt variés », précise Peter Brown.

Jen Gobby (B.A. 2014), activiste et chercheuse, comptait parmi les trois étudiants de la première cohorte du programme Économie pour l’anthropocène, en 2014. Elle soutiendra sa thèse de doctorat en septembre.

« J’ai aimé sentir, malgré la diversité des projets, un engagement collectif à réaliser des travaux transformateurs, souligne-t-elle. Il est crucial que la recherche soit au service du changement, car il y a urgence en matière de réchauffement climatique. »

De l’admission au travail de terrain

Avant de participer à l’Initiative pour l’ère écozoïque, les étudiants doivent d’abord être admis dans un programme de cycle supérieur à McGill ou à l’Université du Vermont, établissement partenaire du projet. Ils explorent alors l’ABC de l’économie écologique et les possibilités de l’écozoïque, puis appliquent ces connaissances dans un cours de terrain et un séminaire dirigé par les étudiants. Les attendent aussi en cours de route des stages, des symposiums, des retraites et des conférences.

Jen Gobby estime d’ailleurs que les retraites du programme Économie pour l’anthropocène ont été une expérience inestimable. « C’est un rêve, aux cycles supérieurs, de pouvoir creuser avec vos pairs de sujets qui vous passionnent vraiment, explique-t-elle. Nous avons eu quelques discussions et débats houleux, mais ils m’ont aidée à préciser ma pensée. »

L’étudiante entreprendra cet automne des études postdoctorales à Concordia en collaboration avec Indigenous Climate Action, et sa thèse sera publiée en 2020 par Fernwood Publishing.

Des diplômés aux quatre coins du monde

Aux yeux de Dina Spigelski, le diplômé parfait est celui « qui s’est outillé tout au long du programme, a su améliorer une situation donnée pendant son stage, puis a déniché un emploi dans un domaine où il peut exercer une influence concrète ».

Ceux qu’a produits le programme travaillent partout dans le monde. Si Jen Gobby est activiste et chercheuse, ses collègues travaillent entre autres pour The Nature Conservancy, la Banque de France, la radio publique états-unienne et la Banque mondiale.

Un campus international

Au cours des prochaines années, l’Initiative pour l’ère écozoïque continuera de bâtir un campus international en s’associant à des partenaires de partout dans le monde et en mettant des cours à leur disposition.

« Nous tissons des liens, partageons notre vision avec des gens qui nous ressemblent et en convainquons d’autres de nous emboîter le pas, mentionne Dina Spigelski.

Nous attirons des étudiants déterminés à améliorer notre monde non pas en faisant cavalier seul, mais en misant sur l’effort collectif. »

Mobiliser McGill

L’Initiative pour l’ère écozoïque compte sur la précieuse collaboration d’autres unités de l’Université.

« L’expertise sur notre campus est remarquable, souligne Peter Brown. Nous avons la chance de faire partie du Département des sciences des ressources naturelles, qui se distingue par un vaste éventail de compétences. Il nous offre un fantastique creuset interdisciplinaire, et les travaux qu’on y mène sont souvent liés à ceux de nos étudiants. »

Il croit par ailleurs que la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement occupera un rôle de premier plan au moment de relever les défis qui nous attendent.

Selon Peter Brown : « La Faculté peut contribuer à une redéfinition mondiale des systèmes de pensée, et ainsi favoriser le type de travaux interdisciplinaires qui changent la donne : ceux où les sciences humaines sont enrichies par la littératie scientifique ».

De son côté, Mick Babcock tire parti de sa présence au campus Macdonald, plus précisément au Département des sciences des ressources naturelles, où il a la chance de côtoyer l’avant-garde de la recherche. « Le campus abrite quantité de scientifiques de talent qui accomplissent des choses incroyables, note-t-il. Ils concrétisent ce que nous tentons de formuler. »