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Je Donne

Eleanor MacLean, bibliothécaire et gardienne des trésors d’histoire naturelle

Le legs de 1,5 million de dollars laissé par une ancienne bibliothécaire, décédée en 2018, permettra de préserver les objets rares et curieux qui ont fait la renommée de la Collection Blacker-Wood afin qu’ils puissent continuer à inspirer les chercheurs et les passionnés de l’Université McGill et d’ailleurs dans le monde.

Photo of Eleanor MacLean at her retirement party

À l’instar du British Museum et du Field Museum de Chicago, la Collection d’histoire naturelle Blacker‑Wood de la Bibliothèque de l’Université McGill est l’un des plus importants organes d’archivage de spécimens d’histoire naturelle du monde. Elle doit une partie de cette renommée à son ancienne bibliothécaire, la regrettée Eleanor MacLean (B. Sc. 1967, M. Bibl. 1969).

Eleanor MacLean n’a occupé qu’un seul poste à la Bibliothèque de McGill, celui de bibliothécaire de la Collection Blacker‑Wood. Pendant 40 ans, elle a été responsable de cette collection, qui a amassé au-delà de 20 000 volumes et recèle des pièces rares que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

« C’était une bibliothécaire au sens le plus pur du terme », observe Colleen Cook, doyenne de la Bibliothèque et titulaire de la chaire Trenholme. « Leader et mentore auprès de ses collègues, elle s’est pleinement investie dans le service à la profession. »

Retraitée en 2011, alors bibliothécaire émérite, elle est décédée en 2018. Mais grâce à un généreux don prévu dans sa planification successorale, elle continuera de façonner l’avenir de la Bibliothèque de l’Université McGill. Son legs remarquable totalisant 1,5 million de dollars servira à soutenir en perpétuité la Collection Blacker‑Wood par le financement d’activités de restauration et de préservation, et de l’acquisition de ressources.

« Eleanor MacLean a géré et enrichi une collection d’histoire naturelle extraordinaire, fait remarquer la doyenne. Généreuse de son temps et de son expertise, elle passait régulièrement des heures à accompagner des chercheurs et chercheuses de partout dans le monde. Grâce à cet incroyable don, la Bibliothèque de McGill sera en mesure de bonifier et de préserver la Collection d’histoire naturelle Blacker‑Wood pour les générations à venir et ainsi rendre hommage à Eleanor et à l’héritage qu’elle nous a laissé. »

Inaugurées en 1920, la Bibliothèque de zoologie Blacker et la Bibliothèque d’ornithologie Emma‑Shearer‑Wood ont par la suite été fusionnées et forment désormais l’une des collections d’œuvres d’histoire naturelle les plus vastes et les plus exhaustives en Amérique du Nord. En effet, la Collection Blacker‑Wood compte au-delà de 20 000 livres et manuscrits, et plus de 10 000 œuvres d’art originales. On y trouve des publications rares de Charles Darwin et de John James Audubon, et des curiosités comme un faucon empaillé : tous ces objets ont été entretenus pendant des décennies par le travail assidu d’Eleanor MacLean.

Photo of 'The Origin of Species' by Charles Darwin

L’origine des espèces de Darwin. La Collection Blacker Wood possède une première édition ainsi que les troisième, quatrième et sixième éditions de cette œuvre emblématique.

Photo of The Feather Book's cover

Le livre des plumes de Dionisio Minaggio, possiblement la plus ancienne collection de plumes d’oiseaux qui soit.

Photo of excerpts of The Feather Book

Présentation du Livre des plumes.

Photo of a Elizabeth Gwillim watercolour

Souimanga à croupion pourpre (Leptocoma zeylonica), une aquarelle d’Elizabeth Gwillim.

Photo of a watercolour from the Taylor-White collection

Gaur, bison indien, une aquarelle de Peter Paillou appartenant à la Collection Taylor White.

Une passionnée d’histoire naturelle

Ayant étudié la biologie au baccalauréat à l’Université McGill, Eleanor MacLean a occupé des postes au sein de plusieurs bibliothèques scientifiques avant d’arriver à la Collection Blacker‑Wood. Son attachement indéfectible à son métier et sa connaissance intime de chaque bibliothèque où elle travaillait étaient bien connus. Pour demeurer au fait des nouveautés, elle consultait régulièrement les revues scientifiques.

« En biologie comme en bibliothéconomie, il est très difficile de suivre les développements, ne serait-ce que les grandes lignes, dit-elle en 2002 à McGill News, revue de la communauté diplômée mcgilloise. Il faut s’efforcer de rester au courant si l’on veut savoir où aller chercher l’information. »

Elle ne cachait pas son faible pour les objets rares et curieux dont elle avait la responsabilité, et elle passait des heures à répondre aux questions d’étudiantes et d’étudiants, de professeures et de chercheurs mcgillois répartis dans le monde entier. « Les ornithologues de la région viennent souvent, et nous avons eu la visite d’un employé de l’OACI [l’Organisation de l’aviation civile internationale] qui voulait s’informer du comportement des oiseaux qui entrent en collision avec les moteurs d’avion et causent des écrasements », raconte-t-elle à McGill News.

La Collection comporte les seules peintures connues d’Elizabeth Gwillim. Regroupant 164 représentations d’oiseaux, de poissons et de fleurs créées entre 1801 et 1807 à Madras, en Inde (aujourd’hui Chennai), ses œuvres à taille réelle sont remarquables en ce qu’elles précèdent Les oiseaux d’Amérique, célèbre ouvrage d’Audubon. Eleanor MacLean a réussi à faire présenter les peintures de Gwillim lors d’une exposition internationale au Musée royal de l’Ontario, à Toronto.

« L’intérêt qu’elle a manifesté à l’égard des œuvres de Gwillim a permis d’élargir grandement les recherches sur les aquarelles de cette artiste. Par ses activités de recherche, de conservation et de promotion, elle a su renouveler sans cesse l’intérêt des universitaires de partout dans le monde en ce qui a trait à la Collection », indique Victoria Dickenson, professeure praticienne à la Division des livres rares et fonds spéciaux de la Bibliothèque de McGill et ancienne directrice du Musée McCord, à Montréal.

En plus de travailler comme bibliothécaire, pendant plus de 40 ans Eleanor MacLean a pris part aux activités de la division biomédicale et des sciences de la vie de l’association professionnelle Special Libraries Association. Elle a rédigé des préfaces destinées à des catalogues d’exposition et à des monographies où étaient présentés les trésors patrimoniaux de la Collection Blacker‑Wood, et elle a monté d’importantes expositions de pièces historiques, à l’Université McGill comme à l’étranger.

Eleanor MacLean's yearbook photo

Un héritage bien vivant

Eleanor MacLean (photographiée ci-dessus dans l’album des finissants de l’Université McGill) et sa regrettée mère Dorothy (B. Ed. 1978) étaient toutes deux de fidèles donatrices de l’Université de leur vivant et leurs dons ont soutenu notamment l’acquisition et la restauration d’objets de la Bibliothèque.

Le don planifié de 1,5 million de dollars d’Eleanor MacLean sera divisé également entre trois fonds de dotation : le Fonds de dotation Kafer‑Boothroyd, qui existe déjà et sert à l’acquisition de ressources pour la Bibliothèque, et deux fonds nouvellement créés pour la Collection Blacker‑Wood, à savoir, le Fonds commémoratif Dorothy-MacLean, pour l’achat de pièces rares, et le Fonds commémoratif Eleanor‑Anne‑MacLean, pour la conservation et la préservation des livres rares.

« Le monde doit savoir combien elle était altruiste, fait valoir Mike O’Hearn, membre de la famille MacLean. On lit souvent des articles annonçant un legs important accompagné du changement de nom d’un immeuble, d’une collection ou d’une aile d’hôpital. Dans le cas d’Eleanor, elle aimait réellement son travail, et l’Université McGill. »

Hommage à la Collection d’histoire naturelle Blacker-Wood

La Collection d’histoire naturelle Blacker‑Wood a été fondée par le Dr Casey A. Wood, ophtalmologiste et ornithologue canadien affilié à l’Université McGill. Il a beaucoup voyagé et a passé des dizaines d’années à collectionner des revues, des monographies et des trésors tous plus rares les uns que les autres. Depuis ses débuts, la Collection a continué de s’enrichir, notamment d’œuvres sur la zoologie des vertébrés, en particulier l’ornithologie, et d’un grand nombre de volumes sur la mammalogie, l’ichtyologie et l’anatomie comparée. Elle compte également d’importants ouvrages sur l’histoire et la philosophie de l’histoire naturelle, de l’évolution, de la botanique et de la zoogéographie, ainsi que des registres d’expéditions scientifiques.

Le joyau de la Collection, hébergée dans la Division des livres rares et fonds spéciaux de McGill, est Le livre des plumes, créé en 1618 par Dionisio Minaggio, jardinier en chef de l’État de Milan. À la fois magnifique et grotesque, ce livre d’images de 156 pages est entièrement fabriqué de plumes et contient de nombreuses reproductions d’oiseaux recouvertes des véritables peau, bec et pattes de l’espèce représentée.

Le 27 avril, la Bibliothèque de l’Université McGill organise une célébration virtuelle en l’honneur de la générosité d’Eleanor MacLean et de la Collection Blacker‑Wood, intitulée Celebrating the Blacker Wood; A Tribute to Eleanor MacLean. Seront présents des collègues de l’ancienne bibliothécaire, des chercheurs et chercheuses qui l’ont côtoyée, ainsi que l’actuelle conservatrice de la Collection Blacker‑Wood, Lauren Williams. On pourra aussi y admirer quelques trésors récemment restaurés de la Collection.