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Je Donne

Une étudiante, une idée, un mouvement : distribuer des repas dans le quartier

Cette étudiante en arts mobilise la communauté et s’est alliée avec les joueurs de l’équipe de soccer pour aider les personnes dans le besoin

Composite image with Sophie Hart on left and Chris Cinelli Faia on right

Sophie Hart a emménagé dans Milton-Parc, un quartier adjacent au campus du centre-ville de McGill, il y a quatre ans. Et pendant quatre ans, elle a toujours cru qu’elle devait en faire plus pour aider les sans-abris qui vivent dans les rues de Milton-Parc.

Puis, la pandémie est arrivée.

Lorsque Mme Hart – qui terminera cette année son diplôme en histoire de l’art et en études autochtones – a constaté combien les sans-abris souffraient particulièrement des importantes réductions de services sociaux essentiels et de l’aggravation des problèmes économiques, elle est passée à l’action. Elle a commencé à demander à ses voisins sans-abris, plusieurs d’origine autochtone, ce dont ils avaient besoin. Leurs réponses l’ont amenée à créer Meals for Milton-Parc (M4MP), un organisme communautaire dirigé par des étudiants voué à soutenir les résidents de Milton-Parc en leur fournissant des repas et d’autres articles de base. Depuis sa fondation en octobre 2020, l’organisme offre systématiquement trois repas par semaine aux résidents de Milton-Parc, ainsi que des articles de base toutes les deux semaines.

M4MP dépend des dons financiers et matériels, notamment des aliments frais, des laissez-passer de transport en commun, des stylos et du papier, des produits d’hygiène, et depuis 2020, des masques, des lingettes et du désinfectant pour les mains. « La plupart des gens ne réalisent pas à quel point on est limité sans masque. Sans masque, on ne peut pas aller à l’épicerie. On ne peut pas prendre le bus. On ne peut entrer nulle part. On ne le réalise pas lorsqu’on a les ressources pour acheter des masques. »

En plus de fournir de la nourriture et des biens essentiels aux résidents de Milton-Parc dans le besoin, le M4MP poursuit un objectif éducatif. Les futurs bénévoles sont tenus de suivre une séance de formation sur le droit au logement en milieu urbain dans le contexte du colonialisme canadien. D’ailleurs, Mme Hart espère que l’initiative aura aussi des retombées auprès de ceux qui n’en sont pas directement affiliés. En effet, établir un lien entre les étudiants de McGill et la communauté environnante sensibilisera ces derniers au nombre disproportionné de sans-abris à Montréal qui sont d’origine autochtone.

La jeune étudiante s’est elle-même impliquée dans plusieurs organismes communautaires au service des populations autochtones de Montréal. En 2019 et 2020, elle a participé à l’animation d’un camp d’été gratuit pour les enfants autochtones en milieu urbain parrainé par l’organisme à but non lucratif Montréal Autochtone. Les activités captivantes sur la culture, la langue et les connaissances élaborées par les animateurs autochtones ont ouvert les yeux à Mme Hart. « Ces deux étés m’ont beaucoup appris sur les expériences vécues par les peuples autochtones et l’ampleur des cultures autochtones présentes dans notre pays », explique-t-elle. La jeune défenseure travaille actuellement comme intervenante communautaire au campement du Mont-Royal auprès des sans-abris autochtones, une initiative financée par Exeko, un organisme à but non lucratif voué à l’inclusion sociale.

Comme c’est le cas pour bien d’autres organismes communautaires, Meals for Milton-Parc ne travaille pas en vase clos. En effet, l’organisme collabore avec d’autres organisations locales, dont Indigenous Street Project, La Porte Ouverte et Solidarité Milton-Parc, afin d’élargir la portée de ses services. Ces différents organismes ont à bien des égards ouvert la voie à la réussite de M4MP, et Sophie Hart espère que son organisme perdura après la fin de ses études à McGill pour que cet important travail auprès des résidents de Milton-Parc se poursuive. M4MP dispose d’une équipe complète d’agents et de coordinateurs étudiants qui gèrent toutes les activités, du recrutement des bénévoles à leur formation en passant par la collecte de fonds et le marketing sur les médias sociaux.

Bien que Meals for Milton-Parc n’existe que depuis quelques mois, l’organisme n’a pas cessé de gagner en popularité. Depuis janvier 2021, le groupe compte plus de 150 étudiants, dont des jeunes professionnels, des volontaires du quartier et l’équipe de soccer masculine de McGill.

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L’annulation de la saison d’automne 2020 a été une pilule difficile à avaler pour l’équipe de soccer masculine. « Lorsqu’on entraîne pendant neuf mois pour jouer en compétition pendant seulement trois mois, il est assez décevant de voir sa saison disparaître », explique Francesco Pisegna, gardien de but et étudiant à la majeure en neurosciences de troisième année. Au lieu de s’apitoyer sur son sort, l’équipe a continué de représenter McGill, non pas sur le terrain, mais en posant des gestes concrets à l’extérieur de leur zone de jeu.

Les Redbirds performent magnifiquement en campagnes de financement, notamment sur la plateforme de sociofinancement de McGill, Semer le changement. Grâce au soutien d’anciens étudiants, de leur famille et de leurs amis, l’équipe a recueilli des dons au cours des dernières années pour des articles essentiels tels que des vêtements, du matériel d’entraînement et des subventions de voyage. Par ailleurs, les joueurs se sont avérés tout aussi déterminés pour recueillir de l’argent qui servirait à la collectivité locale.

« L’équipe s’implique activement depuis de nombreuses années dans la communauté », explique l’entraîneur Marc Mounicot. « Mais cette année, avec notre saison écourtée, nous avons décidé d’utiliser les fonds que nous avions recueillis pour faire quelque chose de différent. Comme beaucoup d’autres, nous voulions trouver un moyen d’aider. »

L’équipe avait prévu un projet communautaire — donner de l’autonomie aux jeunes de Montréal par le sport — mais comme la pandémie en a freiné le déploiement, elle s’est attachée à trouver une autre cause COVID-sécuritaire ayant une incidence immédiate. C’est à ce moment que Chris Cinelli-Faia, gardien de but de troisième année, a entendu parler d’un groupe nouvellement formé dirigé par une étudiante : Meals for Milton-Parc. Il a donc communiqué avec la fondatrice Sophie Hart pour voir comment son équipe pouvait contribuer aux efforts de l’organisation. « Sophie nous a inspirés dès le début », explique Chris Cinelli-Faia. « Elle est vraiment passionnée par ce qu’elle fait pour Milton-Parc. Nous savions que nous voulions soutenir ce genre d’efforts et aider les personnes dans le besoin. »

Francesco Pisegna, Sophie Hart, Chris Cinelli-Faia

De gauche à droite : Francesco Pisegna, Sophie Hart et Chris Cinelli-Faia.

La décision de s’associer à Meals for Milton-Parc a été prise par tous les membres de l’équipe. Des athlètes de première année jusqu’à ceux de cinquième année, tous ont saisi cette occasion de faire une bonne action, mais aussi d’être ensemble tout en suivant les règles de distanciation sociale. « Faire partie d’une équipe sportive est une expérience commune. C’était incroyable de voir tout le monde embarquer dans ce projet, même en étant dispersé aux quatre coins de la planète », explique Francesco Pisegna.

Francesco Pisegna, Chris Cinelli-Faia et Ramdane Tafer, joueur du milieu de cinquième année, tous actuellement à Montréal, ont commencé à demander à leurs coéquipiers d’aider à trouver des articles que Sophie Hart jugeait comme étant essentiels, notamment des vêtements et accessoires d’hiver, des sous-vêtements et des articles de toilette. Les joueurs à l’étranger — dont des étudiants de première année qui n’ont même jamais marché sur le campus de McGill — ont fait des transferts bancaires à leurs coéquipiers du Canada, lesquels ont ensuite récupéré des fournitures supplémentaires à donner à Meals for Milton-Parc. « De voir tout le monde joindre ses forces était incroyable », affirme Francesco Pisegna.

Les Redbirds soutiennent que leur rôle a été mineur en comparaison à ce que Sophie Hart a fait pour les sans-abris de Milton-Parc. « Elle est vraiment l’héroïne de cette histoire. Elle a créé une organisation communautaire et a rassemblé des bénévoles pour améliorer la vie de personnes qui fréquentent le même voisinage que de nombreux étudiants », explique Chris Cinelli-Faia.

Bien que l’équipe espère être en mesure d’aller de l’avant dans un avenir prochain avec leur projet de sensibilisation auprès des jeunes, les athlètes sont reconnaissants d’avoir trouvé un moyen de donner en ce moment difficile. « Nous voulions que le legs des étudiants-athlètes de McGill surpasse le simple fait de jouer au soccer — c’est ce que nous avons fait en redonnant à un quartier qui représente une partie fondamentale de notre expérience universitaire », partage Francesco Pisegna. « Mais la chose la plus importante est de se rappeler combien nous sommes privilégiés et d’agir en ce sens pour changer les choses. »

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