À première vue, le parcours de Morris Karmazyn, M. Sc. 1977, Ph. D. 1979, ressemble à celui de bien d’autres McGillois.
Après avoir obtenu deux diplômes de l’Université McGill, il a dédié sa carrière à la recherche sur les maladies cardiovasculaires, devenant ainsi un expert réputé dans le domaine de l’hypertrophie cardiaque et de l’insuffisance cardiaque. Récipiendaire de plusieurs prix, – dont la chaire de recherche du Canada de niveau 1 en cardiologie expérimentale et la bourse de recherche de l’Académie internationale des sciences cardiovasculaires – Morris Karmazyn a récemment pris sa retraite en tant que professeur de pharmacologie à l’Université Western Ontario, et continue de publier et de mener des consultations en recherche.
Mais en y regardant de plus près, on découvre un parcours atypique : Morris Karmazyn a décroché son diplôme de premier cycle en suivant des cours du soir, il a été chauffeur de taxi pour joindre les deux bouts et il a obtenu sa maîtrise au campus Macdonald, où il était supervisé par un chercheur en aviculture. « Ce n’est pas un parcours traditionnel; je me suis heurté à de nombreux obstacles », raconte Morris Karmazyn. « Je me considère toutefois chanceux et privilégié d’avoir étudié à l’Université McGill. Sans cela, je n’aurais pas eu le même parcours. »
Morris Karmazyn est né en Pologne et a grandi à Montréal. Durant son enfance, ses parents ont tous deux été malades, ce qui a eu une profonde incidence sur sa vie. Il a notamment dû travailler pour soutenir sa famille tout en étudiant à temps partiel. Il a ensuite développé un intérêt pour le cœur : « Ma mère souffrait d’une maladie cardiaque. C’est ce qui m’a amené à vouloir comprendre le fonctionnement des pathologies cardiaques ».
À la maîtrise, il souhaitait être supervisé par un spécialiste des maladies cardiovasculaires. C’est à ce moment qu’il reçoit une réponse inattendue du campus Macdonald, où Paul C. Laguë l’invite à mener une étude pour évaluer les effets de l’huile de canola sur le cœur. « Le professeur Laguë était un spécialiste des sciences animales sans aucune expérience en recherche sur les maladies du cœur, je ne savais donc pas par où commencer. Toutefois, il m’a beaucoup appuyé et les choses se sont bien passées. » Morris Karmazyn se rappelle encore la beauté du campus Macdonald et les œufs frais de la ferme.
Peu après, il est de nouveau à la recherche d’un superviseur, cette fois pour son doctorat. Admis à McGill, il mène ses recherches à l’Institut de recherches cliniques de Montréal, sous la supervision de David F. Horrobin. « Le professeur Horrobin était un scientifique et un intellectuel brillant. Ce fut une expérience formidable et très enrichissante. » S’il a poursuivi ses recherches postdoctorales au sein d’un autre établissement d’enseignement, Morris Karmazyn précise qu’il avait rêvé d’étudier à McGill. « L’Université McGill est un lieu d’exception, et la formation que j’y ai reçue a joué un rôle déterminant dans la suite de ma carrière. »
C’est pour cette raison que l’Université McGill était en tête de liste lorsqu’est venu le moment de faire un don de bienfaisance. « Ma décision allait de soi. L’Université McGill était le choix naturel. »
Le premier cadeau que Morris Karmazyn a légué à l’Université McGill remonte à plusieurs années, lorsqu’il s’est engagé à octroyer un don planifié – un legs inscrit à son testament. Mais il voulait constater la portée de son don dès maintenant : « J’ai donc parlé à mes conseillers financiers et je me suis dit “Pourquoi attendre?”, j’aimerais voir à quoi servira mon don pendant que je suis en vie ».
C’est très gratifiant d’investir dans l’une des meilleures universités au monde.”
C’est ainsi qu’est née la bourse en recherche cardiovasculaire Morris Karmazyn et Margaret P. Moffat, nommée en l’honneur de feue son épouse, une chercheuse en cardiologie avec qui il a collaboré à la publication de 18 travaux. Bien que la bourse soit destinée aux doctorant(e)s mcgillois dont les recherches sont axées sur les maladies cardiovasculaires, elle est également accessible aux étudiant(e)s de toutes les facultés – en reconnaissance du parcours unique du donateur.
« Les maladies du cœur demeurent la première cause de mortalité au Canada, et il reste beaucoup de travail à faire dans ce domaine. J’espère que mon soutien servira à former les chercheurs et chercheuses de demain et qu’il leur permettra de faire des découvertes déterminantes. » La toute première boursière est Nivetha Kamalavannan Subramaniam, doctorante à la Division de médecine expérimentale de l’Université. « J’en sais très peu sur son sujet de recherche, ce qui est, à mes yeux, une bonne chose. »
Morris Karmazyn est « très heureux » de cette décision et il encourage les membres de la communauté diplômée mcgilloise à soutenir leur alma mater. « C’est très gratifiant d’investir dans l’une des meilleures universités au monde et de constater que notre geste profitera aux étudiants et aux étudiantes de demain. Cette contribution était dans l’ordre des choses. »