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Je Donne

Resserrer les liens communautaires

En conjuguant la recherche interdisciplinaire, l’apprentissage machine et l’empathie, Kelvin Kung crée des espaces qui rapprochent les gens. 

Kelvin Kung

Les McGilloises et les McGillois sont des moteurs de changement au quotidien, par leur travail, leurs activités bénévoles et leur générosité. McGill24, la journée annuelle du don de l’Université, rend hommage à toutes ces personnes qui participent à la construction d’un monde meilleur. Pour Kelvin Kung, l’un des ambassadeurs de cet événement, c’est l’occasion de promouvoir l’ouverture et l’équité en jetant des ponts entre les disciplines, les communautés et les espaces.

Peut-on intégrer l’amour et l’empathie à la conception architecturale et à l’apprentissage machine? Oui, et c’est plus facile qu’on le pense. Ce sont les valeurs que porte Kelvin Kung, B. Sc. (Arch.) 2012, M. Arch. 2013, M. Arch. 2014, architecte et défenseur de la communauté LGBTQ+, en imaginant des espaces ouverts et accueillants qui renforcent les liens entre les communautés.

Né à Vancouver de parents immigrants, Kelvin Kung a eu très tôt le sentiment d’être différent. Son père avait dû s’exiler à l’étranger pour trouver du travail. Kelvin était l’un des seuls enfants de l’école à être élevé par une mère seule. En plus d’appartenir à une minorité visible, quand il a pris conscience de son identité LGBTQ+, il s’est senti encore plus marginalisé. À son entrée à McGill, en tant qu’étudiant universitaire de première génération, il a vite compris que son parcours d’apprentissage ne serait pas de tout repos.

« D’une certaine manière, l’architecture est une profession d’élite, observe-t-il. Pendant ma première année, dans un cours sur les matériaux, nous avons discuté de la définition d’un matériau noble. J’ignorais ce que c’était, mais mes camarades donnaient pour exemples le travertin et le marbre. Moi, je considérais la noblesse comme une qualité morale qui a bien plus à voir avec l’empathie qu’avec une matière. Mais, à l’époque, je ne savais pas encore comment exprimer cette idée. »

C’est pendant sa deuxième année à McGill que Kelvin Kung a vu ses perspectives s’élargir. Lors de voyages d’études à Rome et au Japon, il a pu enrichir son vocabulaire architectural, mais surtout constater qu’on peut créer des espaces centrés sur l’humain avec des matériaux simples – une découverte qui l’a profondément marqué. Son intérêt pour l’architecture s’est alors ouvert sur d’autres disciplines, comme l’histoire et la théorie. Il s’est entretenu avec le professeur émérite Alberto Pérez-Gómez au sujet du De Anima d’Aristote, et a étudié l’architecture et le caractère français auprès du professeur Martin Bressani.

« Kelvin Kung est le type d'étudiant que l’on n’oublie pas, dit le professeur Bressani. Timide au début, on sentait néanmoins chez lui un grand désir d'apprendre, de tout absorber et d'expérimenter. Il aimait l'art, la technologie et la théorie, et ne voyait pas de contradictions entre ces domaines. C'est probablement ce dont je me souviens le mieux : son besoin d’abolir les frontières, de se débarrasser des étiquettes toutes faites, et de produire une synthèse. »

Les discussions qu’il a eues avec ces professeurs l’ont convaincu d’entreprendre une maîtrise en architecture avec concentration en histoire et théorie de l’architecture, où il a étudié la conception architecturale sous un angle philosophique, s’inspirant notamment de Rousseau.

« J’ai appris qu’il est essentiel de comprendre les gens et la condition humaine, et que les meilleures œuvres architecturales reposent sur l’empathie, résume-t-il. J’ai réalisé que c’était pour moi la seule façon d’entrevoir la conception, et j’ai eu envie de communiquer mon point de vue à d’autres. »

La conception d’espaces à partir d’un lieu d’amour est au cœur de son travail. Par exemple, chez MJMA Architecture & Design, il a créé plusieurs centres communautaires, notamment le Western North York Community and Child Care Centre à Toronto. Ce projet figurait parmi les cinq finalistes pour les prix d’excellence de Canadian Architect en 2021, pour avoir relié deux quartiers de banlieue jusque-là séparés par une ancienne imprimerie désaffectée. Fort de ce succès, il a réalisé des projets communautaires semblables, notamment le centre Harbourfront, à Toronto, et le centre communautaire d’East Gwillimbury. 

Lorsqu’il entreprend un nouveau projet, Kelvin Kung commence par poser des questions. Qui sont les personnes qui utiliseront l’espace et quels sont leurs besoins? Il mène des consultations pour recueillir les commentaires et les points de vue de la population.

« En général, seules quelque 300 personnes répondent à l’appel, dit-il. Tout le monde n’a pas le temps de participer en personne à des consultations. »

C’est là que l’intelligence artificielle entre en jeu. En étudiant les philosophes de la Renaissance, Kelvin Kung a réalisé que le langage condense la pensée humaine. L’apprentissage machine et le traitement du langage naturel, qui consistent à apprendre à des ordinateurs à comprendre et à synthétiser des concepts exprimés à l’écrit ou à l’oral, lui sont apparus comme la meilleure façon de tirer des informations quantitatives d’un grand volume de commentaires.

« L’apprentissage machine permet d’analyser les réponses, courtes ou longues, de milliers de personnes, explique-t-il. Les idées énoncées dans de longs paragraphes renferment des informations très utiles, mais comment les quantifier? » L’architecte a donc créé un ensemble d’algorithmes capables de détecter et d’analyser les éléments importants des réponses, afin de compiler un énorme volume de données et d’en tirer les bonnes conclusions. « Par exemple, on peut constater que 1 500 des 4 000 personnes sondées souhaitent un vestiaire non genré pour leurs enfants, et qu’un certain nombre d’entre elles détestent les espaces sombres, poursuit-il. Il est impossible pour une seule personne de passer au crible autant d’informations et d’en dégager l’essentiel. »

Kelvin Kung s’est vu décerner le Prix de l’étoile montante lors de la cérémonie des Prix d’excellence de McGill à Toronto, en 2022, pour sa vision interdisciplinaire conjuguant l’architecture, l’intelligence artificielle et les relations communautaires.

Ses travaux sur l’apprentissage machine ont donné lieu à des échanges de connaissances avec des professionnelles et professionnels des technologies. En novembre 2022, il a présenté les résultats de sa recherche et ses applications au profit de la communauté LGBTQ+ à l’occasion de la toute première édition de la QT Qonference, organisée par QueerTech, un groupe rassemblant des milliers de membres de la communauté LGBTQ+ qui travaillent dans le secteur des technologies au Canada. La conférence s’est tenue au siège social de Microsoft Canada, à Toronto, en présence de son président, Chris Barry. Seul architecte dans la salle, Kelvin Kung a démontré, devant un parterre de spécialistes des technologies et de l’ingénierie, que le traitement du langage naturel conjugué à l’analyse vidéo peut nous aider à analyser le langage corporel pour repérer les lieux les plus fréquentés et ceux que les gens évitent.  À la lumière des résultats, on peut optimiser l’aménagement des espaces pour répondre aux besoins de la population.

Depuis août 2022, Kelvin Kung travaille au bureau de Toronto de Gensler, l’un des plus grands cabinets d’architectes du monde, qui lui offre toutes les ressources et les occasions d’appliquer l’intelligence artificielle dans la conception architecturale. De plus, il a trouvé chez Gensler un allié de taille, qui l’appuie dans ses efforts en vue d’étendre le réseau d’architectes LGBTQ+.

Dans ce cabinet, Kelvin Kung a rencontré des collègues qui, comme lui, accordent une grande importance à l’équité dans leur profession. « J’essaie de rallier tout le monde à ma cause, dit-il. Nous organisons des rencontres où nous parlons d’identité de genre. Plusieurs personnes m’ont confié en privé qu’elles adoraient ces événements. C’est la preuve que nos initiatives portent leurs fruits. » Ses collègues l’ont désigné pour coprésider l’organisation de l’événement annuel de Gensler célébrant la fierté LGBTQ+.

En tant que membre de la nouvelle génération de leaders, Kelvin Kung a bénéficié du soutien de son employeur. Il offre du mentorat, évalue les candidatures de personnes autochtones, noires et de couleur aux postes en graphisme, en aménagement d’intérieur ou en architecture, et les invite à son bureau pour parler de leur carrière et leur donner des conseils dans un cadre décontracté. En collaboration avec le 519, un centre de soutien aux communautés LGBTQ+ à Toronto, il prévoit d’organiser une visite guidée des bureaux de Gensler pour les jeunes LGBTQ+. « Quand on le voit, on peut y croire, et y aspirer », note-t-il. Membre du conseil d’ArQuives, le plus grand centre d’archives indépendant au monde sur l’histoire LGBTQ+, il travaille à la création de la première galerie virtuelle regroupant ces archives pour qu’elles soient accessibles à tout le monde.

Ces prochaines années, il espère mettre ses compétences en architecture, son intérêt pour l’apprentissage machine et son empathie au service du système de santé. Après avoir accompagné son père dans sa bataille contre le cancer pendant dix ans, il voit tout ce qu’il serait possible de faire pour mieux répondre aux besoins à la fois des patientes et patients et des prestataires de soins, et sensibiliser davantage aux manques dans le domaine des soins palliatifs et des soins aux personnes âgées. Avec l’appui de Gensler, il a présenté un projet au concours SHIFT de l’Ordre des architectes de l’Ontario, dont le thème porte sur la santé. Il propose une salle de soins palliatifs comportant des pièces modulaires qui s’adaptent en temps réel selon les informations reçues. Il entend aussi élaborer des sondages basés sur l’apprentissage machine afin de déterminer les besoins des professionnelles et professionnels de la santé en termes d’organisation de l’espace clinique. « Ces données nous aideront à changer notre façon d’aborder la conception architecturale pour les établissements de santé », conclut-il.

 

Le 15 mars se tiendra McGill24, la journée annuelle du don de l’Université, durant laquelle tout le monde est invité à soutenir nos communautés étudiante, de recherche et d’athlètes. Voyez sur mcgill24.ca tout ce que les généreux dons nous permettent de faire pour stimuler le changement dans la communauté mcgilloise

Kelvin Kung MTEA

Ses travaux sur l’apprentissage machine ont donné lieu à des échanges de connaissances avec des professionnelles et professionnels des technologies. En novembre 2022, il a présenté les résultats de sa recherche et ses applications au profit de la communauté LGBTQ+ à l’occasion de la toute première édition de la QT Qonference, organisée par QueerTech, un groupe rassemblant des milliers de membres de la communauté LGBTQ+ qui travaillent dans le secteur des technologies au Canada. La conférence s’est tenue au siège social de Microsoft Canada, à Toronto, en présence de son président, Chris Barry. Seul architecte dans la salle, Kelvin Kung a démontré, devant un parterre de spécialistes des technologies et de l’ingénierie, que le traitement du langage naturel conjugué à l’analyse vidéo peut nous aider à analyser le langage corporel pour repérer les lieux les plus fréquentés et ceux que les gens évitent.  À la lumière des résultats, on peut optimiser l’aménagement des espaces pour répondre aux besoins de la population.

Depuis août 2022, Kelvin Kung travaille au bureau de Toronto de Gensler, l’un des plus grands cabinets d’architectes du monde, qui lui offre toutes les ressources et les occasions d’appliquer l’intelligence artificielle dans la conception architecturale. De plus, il a trouvé chez Gensler un allié de taille, qui l’appuie dans ses efforts en vue d’étendre le réseau d’architectes LGBTQ+. 

Dans ce cabinet, Kelvin Kung a rencontré des collègues qui, comme lui, accordent une grande importance à l’équité dans leur profession. « J’essaie de rallier tout le monde à ma cause, dit-il. Nous organisons des rencontres où nous parlons d’identité de genre. Plusieurs personnes m’ont confié en privé qu’elles adoraient ces événements. C’est la preuve que nos initiatives portent leurs fruits. » Ses collègues l’ont désigné pour coprésider l’organisation de l’événement annuel de Gensler célébrant la fierté LGBTQ+.

En tant que membre de la nouvelle génération de leaders, Kelvin Kung a bénéficié du soutien de son employeur. Il offre du mentorat, évalue les candidatures de personnes autochtones, noires et de couleur aux postes en graphisme, en aménagement d’intérieur ou en architecture, et les invite à son bureau pour parler de leur carrière et leur donner des conseils dans un cadre décontracté. En collaboration avec le 519, un centre de soutien aux communautés LGBTQ+ à Toronto, il prévoit d’organiser une visite guidée des bureaux de Gensler pour les jeunes LGBTQ+. « Quand on le voit, on peut y croire, et y aspirer », note-t-il. Membre du conseil d’ArQuives, le plus grand centre d’archives indépendant au monde sur l’histoire LGBTQ+, il travaille à la création de la première galerie virtuelle regroupant ces archives pour qu’elles soient accessibles à tout le monde.

Ces prochaines années, il espère mettre ses compétences en architecture, son intérêt pour l’apprentissage machine et son empathie au service du système de santé. Après avoir accompagné son père dans sa bataille contre le cancer pendant dix ans, il voit tout ce qu’il serait possible de faire pour mieux répondre aux besoins à la fois des patientes et patients et des prestataires de soins, et sensibiliser davantage aux manques dans le domaine des soins palliatifs et des soins aux personnes âgées. Avec l’appui de Gensler, il a présenté un projet au concours SHIFT de l’Ordre des architectes de l’Ontario, dont le thème porte sur la santé. Il propose une salle de soins palliatifs comportant des pièces modulaires qui s’adaptent en temps réel selon les informations reçues. Il entend aussi élaborer des sondages basés sur l’apprentissage machine afin de déterminer les besoins des professionnelles et professionnels de la santé en termes d’organisation de l’espace clinique. « Ces données nous aideront à changer notre façon d’aborder la conception architecturale pour les établissements de santé », conclut-il.

Kelvin Kung
Mention de source: Owen Egan/Joni Dufour

Le 15 mars se tiendra McGill24, la journée annuelle du don de l’Université, durant laquelle tout le monde est invité à soutenir nos communautés étudiante, de recherche et d’athlètes. Voyez sur mcgill24.ca tout ce que les généreux dons nous permettent de faire pour stimuler le changement dans la communauté mcgilloise.