Décerné en mémoire d’un grand McGillois aimé de tous, mentor et premier président de l’Association des jeunes diplômés de l’Université McGill, le Prix James-G.-Wright est remis à un jeune diplômé qui s’est distingué par un apport citoyen d’exception et a agi dans le but de changer les choses.
Ce prix va comme un gant à la lauréate de 2020, la Dre Chantal Czerednikow (D.M.D., 2013; certificat de résidence multidisciplinaire en médecine dentaire, 2014). Par l’ensemble de son œuvre, la Dre Czerednikow est l’incarnation même de la résilience et de la force de caractère. Ainsi, elle a recours à une approche adaptée pour traiter un groupe mal desservi : les personnes aux prises avec un trouble du développement. Et elle transmet son savoir aux futurs professionnels de la médecine dentaire afin qu’ils s’emploient, eux aussi, à bâtir un avenir plus sain pour tous.
Le sort des patients mal desservis préoccupe au plus haut point la Dre Czerednikow, et c’est grâce à elle que la Faculté de médecine dentaire a ouvert récemment la Clinique de santé buccodentaire pour la diversité neurodéveloppementale. Véritable clinique phare en soins dentaires adaptés au Canada, cette clinique de l’Université McGill, unique en son genre, offre des traitements adaptés à une population neurodivergente.
Dentiste attitrée de la Clinique, la Dre Czerednikow demeure une praticienne de premier plan en médecine dentaire adaptée et tient à ce que son travail auprès des personnes ayant des besoins particuliers ait des retombées durables.
« Je suis honorée et profondément reconnaissante d’avoir reçu ce prix, souligne-t-elle. Le fait qu’on me l’ait décerné témoigne de la notoriété grandissante de la Clinique, alors mon souhait, c’est que cet événement contribue à faire avancer la cause, à faire prendre conscience aux gens de l’importance de la prise en charge des adultes neurodivergents en médecine dentaire. »
Dentiste principale à la Clinique de santé buccodentaire pour la diversité neurodéveloppementale, la Dre Czerednikow dispose d’une panoplie de techniques – musicothérapie, intégration sensorielle guidée par le patient, sédation au protoxyde d’azote, scénarios sociaux et pictogrammes – et choisit celle qui est la mieux adaptée à la réaction de son patient. Grâce à cette démarche ciblée, elle amène de nombreuses personnes à accepter les traitements sans anesthésie générale. L’écoute des proches, qui savent comment calmer le patient et éviter les crises, est fondamentale dans la démarche mise en œuvre à la Clinique.
Peu de dentistes étant formés dans ce domaine, les adultes aux prises avec un trouble neurodéveloppemental sont très mal desservis, lacune parfois lourde de conséquences. Non traité, un problème dentaire sans gravité peut entraîner des complications intéressant l’organisme entier ou alors provoquer des comportements difficiles, d’où l’importance de rendre les traitements buccodentaires courants accessibles aux adultes neurodivergents.
Lorsqu’elle a vu pour la première fois les statistiques sur le nombre de personnes aux prises avec un trouble neurodéveloppemental ayant difficilement accès aux soins, surtout à l’âge adulte, la Dre Czerednikow a eu un choc. « Je savais que ces personnes avaient du mal à se trouver un dentiste, précise-t-elle, mais jamais je n’aurais cru que ces difficultés-là se posaient dans presque tous les autres aspects de leur vie. »
La passion de la Dre Czerednikow pour les soins dentaires adaptés est née à la Clinique d’été de la Faculté de médecine dentaire – où les étudiants traitent des enfants vivant avec un handicap – puis à l’Hôpital de Montréal pour enfants, où elle a fait sa résidence. La Clinique de santé buccodentaire pour la diversité neurodéveloppementale lui offre la possibilité de continuer à œuvrer dans cette sphère, où les défis ne manquent pas.
« La pratique dans cette clinique m’a fait évoluer comme dentiste, mais m’a également motivée à travailler encore plus fort pour que cette population soit mieux desservie. Je suis tellement plus consciente aujourd’hui des difficultés d’accès aux soins de santé et aux soins dentaires auxquelles se butent les patients et leur famille. Je fais ce que je peux pour aplanir ces inégalités. »
La Dre Czerednikow ne s’est pas retrouvée à la tête de cette clinique du jour au lendemain, mais plutôt au terme d’un long parcours. En fait, les lacunes au chapitre des soins buccodentaires adaptés aux personnes neurodivergentes résultent d’une absence démontrable de formation en médecine dentaire répondant à des besoins particuliers.
Après l’obtention de son doctorat en médecine dentaire à McGill, en 2013, la Dre Czerednikow s’est lancée dans un véritable tour du monde, en quête de mentorat et d’un agrément en soins buccodentaires adaptés. Au terme de sa résidence à l’Hôpital de Montréal pour enfants, elle a fait une mini-résidence à la Lee Specialty Clinic, au Kentucky, puis a obtenu un diplôme en sédation pour la médecine dentaire adaptée en France; tout au long de ce cheminement, elle a pu échanger avec des experts de renommée mondiale dans le domaine, rencontrés lors d’ateliers et de conférences à Dubaï, en Irlande, en Islande et à Chicago.
Aujourd’hui, la Dre Chantal Czerednikow est l’une des plus grandes spécialistes du monde en médecine dentaire répondant à des besoins particuliers. De retour à McGill, elle espère simplifier grandement la vie des patients neurodivergents et de leur famille. Elle change la donne tous les jours en traitant ces patients, mais également en transmettant son savoir à d’autres praticiens, dans l’espoir que plus personne n’ait à faire le tour du monde pour acquérir une formation dans la prestation de soins adaptés. La Clinique de santé buccodentaire pour la diversité neurodéveloppementale est également un pôle de formation en médecine dentaire répondant à des besoins particuliers.
« Je souhaite que cette médecine dentaire adaptée soit mieux enseignée aux dentistes, tout comme aux hygiénistes et aux assistants dentaires, lance-t-elle. Les techniques que j’ai apprises en parcourant le monde ne sont pas si difficiles à maîtriser, mais les étudiants doivent y être exposés pour connaître les possibilités qui s’offrent à eux et pouvoir en faire l’essai en toute confiance. »
Détentrice d’un savoir-faire peu commun, la Dre Czerednikow est une professionnelle au service de ses patients, et c’est ce qui lui a valu le Prix James-G.-Wright. Toutefois, loin d’elle le désir de se démarquer pour le simple plaisir de sortir du lot.
« Je ne veux pas ‟sortir du lot”, parce que ce n’est pas comme ça que l’accès aux soins dentaires sera élargi. Les techniques que j’applique auprès des personnes ayant des besoins particuliers – ce que j’appelle mon ‟coffre à outils”, puisqu’il y a tellement de techniques possibles selon le contexte – doivent être accessibles à un plus grand nombre de professionnels en santé buccodentaire. »
« À mon avis, le partenariat avec la Faculté de médecine dentaire est de première importance pour la formation de dentistes capables d’offrir des soins aux personnes neurodivergentes. »