Skip to main content
Je Donne

Bien vous préparer pour l’éclipse solaire totale qui s’en vient

Les experts de l’Institut spatial Trottier expliquent pourquoi nous avons la chance de nous retrouver dans l’ombre de la Lune et comment faire pour profiter au maximum de cet événement astronomique unique le 8 avril prochain.

Gros plan de trois amis qui regardent le ciel avec leurs lunettes pour éclipses.

L’après-midi du 8 avril, la Lune passera entre la Terre et le Soleil, projetant une ombre sur une grande partie de l’Amérique du Nord.

Pour les personnes qui se trouveront dans la bande de totalité (la partie la plus étroite et la plus sombre de l’ombre), la Lune obscurcira complètement le Soleil et produira un spectacle impressionnant : une éclipse solaire totale. 

Montréal est l’une des villes chanceuses situées dans la bande de totalité, dont la largeur n’est que de 185 km et qui traversera le continent en diagonale, depuis Mazatlán, au Mexique, jusqu’à Terre-Neuve.

En prévision de cet événement céleste rare, l’Institut spatial Trottier (IST) de McGill et le Département de physique ont organisé une série d’événements et invitent le public à explorer le monde fascinant des éclipses.

Nous nous sommes entretenus avec Victoria Kaspi, directrice de l’IST, et Nicolas Cowan, professeur au Département des sciences de la Terre et des planètes, tous deux primés dans leur domaine, afin d’obtenir leurs points de vue et leurs conseils sur l’éclipse à venir.

L’équipe de planification de l’événement, dirigée par Carolina Cruz-Vinaccia (IST), Hannah Fronenberg (IST) et Srobona Basak (Physique), nous a également donné un aperçu de la « foire de l’éclipse » et de la soirée d’observation de McGill. 

Un événement à ne pas manquer

Bien qu’une éclipse solaire totale se produise environ une fois tous les 18 mois, il est extrêmement rare qu’un endroit donné sur Terre en fasse l’expérience, explique M. Cowan, qui a récemment donné une conférence publique sur les éclipses.

Pour Montréal, la dernière éclipse solaire totale remonte à plus de 90 ans, et la prochaine, après le 8 avril, n’aura pas lieu avant le début des années 2100. (Pour d’autres régions du Québec, l’intervalle entre les éclipses solaires totales est de plus de 1 000 ans.)

« Vous avez peut-être l’impression d’avoir une échéance vraiment urgente pour le travail ou l’école, mais il ne faut pas manquer cela, c’est une occasion unique pour la plupart d’entre nous », soulève Mme Kaspi qui, bien qu’elle soit une astrophysicienne de renommée mondiale, n’a encore jamais vu d’éclipse solaire totale. 

Mme Kaspi et M. Cowan mentionnent tous deux que, à moins d’être un chasseur d’éclipses qui se rend délibérément dans des lieux d’observation privilégiés, il s’agira probablement de votre seule chance d’assister à une éclipse solaire totale. 

La couronne est la star du spectacle

« Il y a beaucoup de phénomènes astronomiques dont les gens font grand cas, mais qui ne sont pas si importants », mentionne M. Cowan, en évoquant le battage médiatique excessif autour des super lunes et des éclipses lunaires.

« Une éclipse solaire totale, c’est vraiment bien, parce qu’il est possible de voir la couronne », explique-t-il. La couronne est la couche la plus externe de l’atmosphère du Soleil, composée de plasma, qui n’est généralement pas visible à l’œil nu.

Lors de la totalité — quand le Soleil est entièrement masqué par la Lune — la couronne apparaît soudain comme « d’énormes flammes blanches émanant du Soleil », explique M. Cowan. 

« Cela donne un aspect vraiment sauvage, et on commence à comprendre pourquoi les peuples anciens considéraient le soleil comme une boule de feu », ajoute-t-il.

La couronne du Soleil apparaît au moment de la totalité pendant une éclipse solaire totale.

Se préparer aux changements atmosphériques

Les observateurs de l’éclipse doivent également s’attendre à des changements frappants de luminosité et de température le 8 avril, selon M. Cowan.

« Vers la fin de l’éclipse partielle, lorsque la Lune traversera le disque solaire, il fera visiblement plus sombre », explique M. Cowan, ajoutant que les températures chuteront et que vous devrez peut-être enfiler un chandail supplémentaire. 

Lorsque l’éclipse sera totale, on aura l’impression que la nuit est tombée, mais il ne fera pas complètement noir. « La luminosité sera à peu près équivalente à celle d’une nuit de pleine lune à cause de la couronne. » 

Les lunettes pour éclipses sont indispensables

Mme Kaspi se souvient qu’une éclipse solaire totale a eu lieu en 1970 lorsqu’elle était enfant, mais on lui a été interdit de la regarder, car sa mère avait entendu dire que c’était trop dangereux. 

« Elle a insisté pour que nous fermions tous les rideaux et les stores de notre appartement, si bien que je ne pouvais même pas voir qu’il faisait nuit dehors, raconte Mme Kaspi. Je pense bien que j’étais assise devant la télévision pendant l’éclipse solaire totale quand j’étais petite. C’est plutôt triste. » 

Grâce à la popularité croissante des lunettes pour éclipses et de la disponibilité de l’information sur Internet, les éclipses sont maintenant beaucoup plus sûres qu’auparavant, à condition de prendre les bonnes précautions. 

« Il est important de comprendre que, avec une protection oculaire adéquate, on peut regarder l’éclipse en toute sécurité », affirme Mme Kaspi. 

Contrairement aux lunettes de soleil ordinaires, les lunettes pour éclipses sont conçues spécialement pour bloquer la quasi-totalité des rayons ultraviolets et infrarouges et doivent être portées pour regarder le Soleil dès le début de l’éclipse.

Une foule regardant le ciel avec des lunettes pour éclipses.

Environ 3 000 personnes se sont rassemblées sur le campus du centre-ville (Lower Field) en 2017 pour observer l’éclipse solaire partielle qui était visible depuis Montréal.

Le campus de McGill est l’endroit par excellence

Si vous êtes à Montréal et que vous cherchez un endroit où observer l’éclipse, l’IST a tout prévu. L’Institut et le Département de physique organisent une foire de l’éclipse et une soirée d’observation sur le campus du centre-ville (Lower Field) à partir de 13 h, le 8 avril. Cet événement sera l’occasion pour la communauté de McGill et les Montréalais de vivre ce moment historique ensemble. 

« C’est un événement tellement extraordinaire qu’on a envie d’en profiter avec les autres et de participer à une expérience commune, dit Mme Kaspi. Je recommande vivement aux gens de venir sur le campus. »

Si le ciel est dégagé, l’éclipse devrait être visible de 14 h à 16 h 30 environ, mais la totalité ne durera qu’une minute et demie à Montréal, à partir de 15 h 26. (Croisez les doigts pour que la journée soit ensoleillée, parce que l’éclipse ne sera pas visible par temps couvert, mais le ciel s’assombrira tout de même.)

L’événement proposera des activités, des démonstrations et des kiosques pour les participants de tous âges. Il y aura notamment une station de fabrication d’appareils à sténopé pour les personnes qui veulent suivre la progression de l’éclipse sans regarder le Soleil, et une « promenade solaire » qui permettra aux personnes présentes de visualiser l’échelle du système solaire. Des lunettes pour éclipses seront mises à disposition gratuitement sur place.

Petites ombres en forme de croissant sur le sol.

Dans les zones d’arbres feuillus, la lumière du soleil filtrant à travers les feuilles créera un effet naturel d’appareil à sténopé, projetant de mini éclipses sur le sol. Il est aussi possible de fabriquer des appareils à sténopé à partir de papier ou de carton.

Les organisateurs ont également prévu de collaborer avec d’autres unités pour explorer non seulement la science des éclipses, mais aussi leurs répercussions historiques (les éclipses ont interrompu et déclenché des batailles dans le monde antique), leur importance culturelle (elles ont inspiré de grandes œuvres d’art et de littérature) et leurs effets zoologiques surprenants (elles peuvent provoquer des comportements étranges chez les animaux).

« Nous ne pourrions faire cela sans tous les étudiants et étudiantes de premier cycle et des cycles supérieurs bénévoles », explique Carolina Cruz-Vinaccia, administratrice de programme de l’IST et principale organisatrice de l’événement. « La seule façon dont les activités de vulgarisation scientifique comme celle-ci peuvent avoir lieu, c’est parce que nous avons des étudiants et étudiantes très enthousiastes qui veulent faire part de leurs connaissances au public. »
 

Les éclipses solaires totales seront un jour impossibles

L’une des choses que Mme Kaspi aime à propos des éclipses solaires totales, c’est leur improbabilité du point de vue astronomique. 

Pour qu’une éclipse solaire totale se produise, le Soleil, la Lune et la Terre doivent être parfaitement alignés, et la Lune doit se trouver à la bonne distance de la Terre pour effacer complètement le disque solaire, mais pas la couronne.

Si l’une de ces variables était différente, les éclipses solaires totales ne seraient pas possibles. « C’est une pure coïncidence. Il n’était absolument pas nécessaire qu’il en soit ainsi », déclare Mme Kaspi. 

En fait, selon M. Cowan, les éclipses solaires totales cesseront un jour de se produire parce que la Lune s’éloigne lentement de nous.

« Pour l’instant, nous sommes dans un endroit heureux où, de temps à autre, nous obtenons des éclipses parfaites », explique M. Cowan. Mais lorsque la Lune s’éloignera suffisamment, elle paraîtra trop petite dans le ciel pour couvrir le Soleil complètement, et seules les éclipses annulaires et partielles seront possibles. 

Heureusement, cela ne se produira pas de sitôt. Les scientifiques prévoient que les éclipses solaires totales se produiront encore pendant plusieurs centaines de millions d’années. 

La science est à la portée de tous

Comme pour tous les efforts de vulgarisation scientifique auprès du public de l’Institut, les activités de l’IST au sujet de l’éclipse sont financées par le généreux soutien de la Fondation familiale Trottier. 

« Cette éclipse est inscrite à mon calendrier depuis des années », dit Lorne Trottier, B. Ing. 1970, M. Ing. 1973, D. Sc. 2006, qui a créé l’Institut avec un don de base en 2015 et a fait un don historique de 16 millions de dollars à l’IST en 2022.

« Un événement rare comme celui-ci est une excellente occasion, surtout pour les jeunes, de se passionner pour la science et l’énorme potentiel de découverte dans notre univers, explique M. Trottier. C’est ma cinquième éclipse, et je peux dire d’expérience que c’est vraiment l’une des merveilles de la nature. »

M. Trottier se passionne depuis longtemps pour la vulgarisation scientifique, qu’il soutient sans réserve en tant que principe fondamental de la mission de l’IST. 

« Sa philanthropie nous donne la possibilité de mener ce type d’événement de vulgarisation, qui non seulement éduque le public, mais aussi les scientifiques sur la façon de présenter la science. Ce n’est pas quelque chose qui est normalement enseigné dans les écoles supérieures, mais je suis entièrement convaincue qu’il est essentiel pour la science que nous sachions comment communiquer efficacement », déclare Mme Kaspi. 

« Recevoir du financement d’une personne comme Lorne Trottier, qui possède de vastes connaissances, nous incite vraiment à trouver les façons les plus efficaces d’utiliser ces ressources. » 

En plus de soutenir l’événement de l’IST concernant l’éclipse, la Fondation familiale Trottier a également financé Espace pour la vie Montréal pour organiser d’autres événements liés à l’éclipse et des activités éducatives dans la ville et a contribué à financer l’achat de 500 000 lunettes pour éclipses.